mh^ ^"^ y >• '( ,^-j^^y'^' ^i FOUILLE FAITE A POMPEI EN PRESENCE DE S. n. LA REIISE DES DEUX SICILES, LE 18 MAKS l8l3 (1). \ jEs fouilles de Pompei auxquelles LL. MM. le E.oi et la Reine prennent un intc'rct si vif et si soutenu, ac- quièrent chaque jour un nouvel éclat ; de tous côte's, à la voix de leurs Souverains, de beaux monumens secouent, pour ainsi dire , la terre qui les presse depuis tant de siècles, sortent de dessous les cendres et en font espé- rer de plus beaux encore. Ces ruines si curieuses et si instructives se multiplient pour nous révéler des secrets ou des énigmes que la lecture seule des auteurs anciens ne pouvoit nous expliquer. En arrivant par la nou- velle rue des tombeaux , on conçoit une opinion très- avantageuse de cette ville que Sénèque nomme la plus célèbre de cette partie de la Campanie ; et les monu- mens qui ornent cette route donnent une idée de ceux qui embellissoient la voie appienne. Les anciens aimoient. (1) Articles insérés dans le Journal FraïK^ais de Naples, les 4, 5, 6 €t 7 Avril i8i3. l (2) sans <3oute a se familiariser avec la pensc'e de la mort ; leurs sépultures ctoient, comme à Pouzzoles, à Cumes , à Kola, à Pompei, trèî-|)rès des villes et sur les bords des routes qui y conduisoient : on ne perdoit pas de vue les personnes que l'on avoit aimcies ; on vivoit en- core avec elles , après en avoir été séparé , et en visi- tant le dernier asile de ses pères, où l'on devoit un jour leur être réuni , on rendoit un simple et tendre hom- mage à leurs cendres. JMais ce n'est pas le moment de îious arrêter aux tombeaux de Pompeij avai^ déparier de ceux qui ont été ouverts devant S. M. la Reine, il est à propos de donner un aperçu des fouilles faites de- puis le mois d'octobre 1812, et dont le résultat a été aussi heureux qu'on pouvoit le désirer. On a commencé à exécuter un grand projet, celui de détexTcr toutes les murailles qui forment l'enceinte de la ville et qu'on peut croire d'environ 16 ù 1700 toises de tour. Il est très-intéressant de connoîlre le pé- rimètre de la ville; ce sera d'ailleurs d'un grand avan- tage pour accélérer les fouilles , les rues qui aboutissent aux différentes portes se déblayeront plus facilement et l'on aura plusieurs débouchés pour transporter les cen- dres et les terres ; il deviendra aussi plus aisé de fer- mer Pompei et d'établir une surveillance plus exacte pour la conservation des monumens. Les murailles de cette ville sont de véritables remparts ; hauts de i8 à 20 pieds et même plus élevés dans certains endroits , ils sont for- tifiés, de distance eu distance, par des espèces de tours carrées , détruites en partie, qui ne paroissent pas avoir dépassé de beaucoup la hauteur de la muraille, et dans les- quelles sont pratiquées des poternes qui servoient aux mêmes usages que celles de nos villes de guerre j et il est probable que les deux poternes que l'on a déjà découvertes ont vu , plus d'une fois , les braves habilans de Pompei faire des sorties contre les troupes de Sjlla. (3) Les remparts de Pompei ont environ douze pieds d'é- paisseur, ils sont garnis du cèle de la ville et de la cam- pagne de parapets formes de grosses pierres de luf, et oflVoient en temps de siège un abri aux soldats , et pendant la paix une promenade aux habitans ; les pa- rapets sont munis intérieurement de contreforts assez près les uns des autres , on y a me'nagé des conduits pour l'e'eoulement des eaux 5 il paroît que dans plusieurs en- droits on montoit de la ville sur les murs par de larges gradins. Ces remparts ne sont pas construits d'une manière uniforme , ce qui vient probablement des dégradations qu'ils ont éprouvées à différentes époques ; bâtis en quelques endroits de belles pier- res carrées de 4 à 5 pieds de long et de deux pieds de haut , unies sans ciment , et de manière à ce qu'on voit à peine les joints , ils n'offrent dans d'autres parties que cette maçonnerie grossière formée de toute espèce de pierres mises sans ordre , et connue sous le nom d'incertu7n. 11 est à croire que ce sont des restaurations des derniers temps de la ville , après le siège de Sjila , et le tremblement de terre de l'an 63 de J. C. , car dans les endroits où la partie supérieure du mur est en incertain, la partie inférieure est en gé- néral en pierres carrées. On voit sur un grand nom- bre de ces pierres un monogramme formé d'un H et d'un E ; sur d'autres des signes qui ressemblent à des L grecques ou des croix formées de deux Z telles qu'en offrent les peintures des vases antiques et les monogrammes des médailles 5 c'étoit vraisemblablement les marques de ceux qui fournissoient les matériaux , et les noms grecs et romains qu'on rencontre fréquemment sur ces pierres sculptés assez profondément et d'une ma- nière très-irrégulière , doivent être les noms de quelques ouvriers qui; en les creusant, ne pensoient peut-être pas à (4) les faire passer à la postérité. Il y auroit encore à dire sur ces murailles de Pompei bien des choses qui pour- roient intéresser les amateurs de l'antiquité et de l'ar- chitecture ; mais ils n'auront plus rien à rcgretlcr quand ils connoilront le bel ouvrage de M. iMazois. Personne lie peut mieux que lui éclaircir tout ce qui a rapport à l'architecture de Pompei ; il ne nr'glige aucun dé- tail propre à jeter quelque lumière sur ce qu'il décrit : son ouvrage , fruit de recherches fatigantes et d'un long travail , sera un monument durable élevé à Pompei , car ses ruines n'existeront pas toujours ; et placé parmi les belles productions des arts, il méritera, par son exactitude et son élégance , d'être regardé comme un présent fait à l'architecture et à la science de l'antiquité. Ce que j'ai dit de la hauteur des murailles de Pompei peut donner une idée du travail qu'exigent des fouilles aussi profondes ; elles ont été poussées avec vigueur , on a pratiqué un fossé ou chemin creux large d'en- viron 12 pieds vers le bas , et dont la partie su- périeure s'élargit et forme un talus pour prévenir les éboulemens des cendres et du rapilto. Dans un espace de près de 80 toises , le mur est entièrement dégagé et l'on passe déjà sur le pavé de la voie antique qui lon- geoit Pompei et conduisoit à jSola ; d'autres parties delà muraille sont encore sous terre et elle ne reparoît que cent toises plus loin ; ici elle n'est pas encore tout-à- fait déterrée et ne se montre que de quelques pieds ; on la perd encore de vue pendant près de 80 toises pour la retrouver dans toute sa hauteur dans une lon- gueur de cent toises. De ce côté les travaux sent déjà à plus de 5oo toises de la porte dont nous étions partis , et embrassent presque le tiers du contour de la ville. 11 est à croire que l'on découvrira bientôt une porte , qui doit être dans l'alignement d'une grande rue, (5) ou l'on a commence des fouilles cl qui part du yiortî- que supérieur du grand llicàlre. Le point de la muraille . oîi l'on est arrivé n'est pas éloigné de l'aniphilhéàlre (pii, déblayé en partie autrefois , avoit été enseveli de nou- veau ^ parce qu'il avoit le tort de ne pas offrir d'objets dont on put enrichir un musée, et qui flatlassent la curiosité. C'est en suivant pendant long-temps ce mauvais système, que plusieurs maisons de Pompei ont été recouvertes des cendres d'oii on les avoit tirées. A présent et de- puis plusieurs années on veut faire sortir une ville en- tière de son tombeau , et les fouilles qui ne procurent rieii d'intéressant en peintures ou en autres objets , ne découragent pas : ce sont des niormmens ajoutés à ceux que l'on possède déjà ; et l'on sait bien que tous les tableaux , les statues , les médailles d'une collection n'ont pas, pris isolément, la même valeur , mais qu'ils sont pré- cieux quand ils servent à la rendre coniplèlc. Les fouilles autour des murailles de la ville n'ont pas arrêté celles des autres parties ; l'une des plus intéres- santes fut celle du 21 novembre 1812. Depuis quelques se- maines on étoit occupé à dégager des cendres la grande rue qui passe devant le temple d'isis et doit traverser toute la ville en en rencontrant plusieurs autres qui la croisent. Après être parvenu au sol de la rue , on avoit déjà déblayé l'entrée du grand portique qui précède le théâtre , et trouvé les fûts de plusieurs colonnes qui la décoroient. Les fouilles se dirigeoient vers la maison connue sous le nom de maison du général Championet , et sauf deux inscriptions en lettres rouges peu lisibles , elles n'offroient que des murailles insignifiantes. On travailloit à plus de 10 pieds du sol de la rue dans des cendres recouvertes d'un pied , ou un pied et demi de terre végétale. Il n'étoit guère probable de trouver rien de curieux à cette hauteur , et l'on alloit renoncer à cet (6) espoir et s'éloigner , lorsque, tout-à-coup, Touvrior qui fouilloit trouve un os , une jambe , un corps , quelques médailles de bronze , d'argent , une d'or , enfin un amas de médailles qu'on recueille avec soin. Pour la plupart elles éloient , du moins celles de bronze et d'argent , collées les unes aux autres et mécon- noissables par la patine ou plutôt par le vert-de-gris qui les recouvroit. Elles se sont trouvées être des médailles de famille y et des impériales jusqu'à Domilien encore César , du plus petit module, assez communes , mais de la plus belle conservation \ il y en avoit36o d'argent et 42 de bronze. Ce qui attira le plus les regards , ce fut 8 jolies médailles impériales d'or du petit module, à fleur de coin , et que l'on eût cru avoir été frap- pées de la veille ; il est à croire que le malheureux que la mort arrêta ainsi dans sa fuite conserroit cet or avec soin, car il étoit à part et enveloppé d'un morceau d'étoffe entièrement décomposée, et dont il n'est rien resté lorsqu'on l'a touchée pour en tirer les médailles. Mais aux yeux des amateurs de l'antiquité , ce qui renfermoit ces mé- dailles paroîtra beaucoup plus curieux que tout ce petit trésor. Plus une chose est fragile ou facile à détruire , plus elle acquiert de prix , lorsqu'elle nous parvient intacte à travers plus de 17 siècles. Ces mé- dailles étoient dans une bourse ou plutôt dans un grand morceau de grosse toile de lin j ou de chanvre pliée en plusieurs doubles ; la plus grande partie avoit été détruite par l'humidité, mais il en restoit plusieurs mor- ceaux placés l'un sur l'autre , de la longueur de cinq pouces environ et d'un pouce et demi de large. Cette toile que le temps , l'humidité et la décomposition du cadavre ont rendu très-brune , est du reste semblable à celle d'aujourd'hui et parfaitement conservée; le tissu en est gros et serré , et il est encore assez fort pour op- (7) poser beaucoup de résistance lorsqu'on veut le de'chirer. C'est la première découverte de ce genre qu'on ait faite à Pompei, et il est douteux que les monumens aient ja- mais off.'rt rien de plus rare, et d'une anliquitc aussi incontestable. Je ne sais si les manuscrits sur papyrus et sur d'autres toiles que l'on conserve dans la bibliothèque impériale à Paris et dans plusieurs autres, sont d'une époque aussi reculée et aussi bien prouvée , et il me semble avoir entendu dire que la robe égyptienne que l'on voit dans la bibliothèque de l'institut de France , ne paroissoit être que des premiei-s siècles de notre Ere ; ne voulant pas me hasarder à décider de pareilles questions, je me borne à faire connoître te qui a rapport à notre toile. Il est à remarquer que le squelette dont nous par- lons s'est trouvé dans les cendres , à lo pieds au-des- sus du sol de la rue , ce qui prouve l'étonnante rapi- dité et l'abondance de la pluie de cendres qui avoic déjà enseveli la ville sous une couche aussi considéra- ble au moment oii ce malheureux , qui probablement ne différa pas beaucoup à prendre son parti , chercha son. salut dans la fuite. Il n'étoit recouvert que d'une couche fort peu épaisse de cendres ; ce seul fait montre combien sont hasardées les hypothèses de ceux qui pensent que Pom- per a été enseveli moins par la pluie de cendres et de rapillo , que par les dépôts des alluvions ou des tor- rens qui , à différentes époques , se sont précipités des bouches du Vésuve et des environs ; l'inspection des lieux , leur élévation au-dessus de ceux qui les entou- rent sont d'assez forts argumcns contre de pareilles sup- positions , et la fouille que nous venons de décrire ne fait que leur donner plus de poids. Le jour môme où l'on découvrit ce corps près du théâtre , on en trouva plusieurs autres sous un grand portique de la rue des tombeaux. Une mère fuyoit en- (8) traînant après elle une partie de sa famille , ses deux jeunes filles et un enfant qu'elle serroit inutilement con- tre son seia. 11 n'y avoit plus d'espoir ; cherchant en- core à respirer au milieu des tourbillons de cendres brûlantes, et se pressant contre les murs du portique, ils tombent épuises de fatigue et de douleurs , la cen- dre les recouvre et les ensevelit tous dans le même tom- beau ; leurs osscmens éloient près les uns des autres et presque confondus , et l'on croyoit voir toute cette fa- mille infortunée se tenir embrassée jusqu'au dernier sou- pir. Trois anneaux d'or , des boucles d'oreilles ornées de peilcs annonçoient de l'aisance et de l'élégance. Un des anneaux est en forme de serpent à plusieurs contours, et sa tète se dirige dans la longueur du doigt. Une autre bague, qui par sa petitesse ne pouvoit convenir qu'à la main d'une jeune fille ou à une très - petite et très-jolie main de femme, porte un petit grenat sur lequel est gravé un fotidrc. Les boucles d'oreilles res- semblent à de petites balances dont les perles suspen- dues à un gros fil d'or, représentent les bassins ; il y en a de pareilles au cabinet des antiques à Paris -, deux des perles sont très - bien conservées , les deux autres ont souffert. Ces boucles d'oreille s'adaptoient par le moyen d'espèces de crochets , elles se mettoient facile- ment , et il n'y a pas de doute qu'elles ne pussent être placées avec élégance aux oreilles d'une jolie femme. 11 seroit fatigant et inutile pour le lecteur, ne pou- vant mettre de plans sous ses yeux, de lui donner une description détaillée de quelques maisons nouvellement déterrées dans l'intérieur de la ville près de la porte et des remparts ; elles ressemblent d'ailleurs à celles que l'on conooit et offrent à-peu-près les mêmes dispositions : on regrette de ne pas les voir ornées de belles mosaï- ques , comme la plupart des autres maisoûs de Pompei. Les (9) Les réservoirs ou conserves d'eau qui sont au milieu des peliles cours ( vnpluviian ) sont pour la plupart de marbre, ainsi tjuc les ihardclles des citernes. Il paroit qu'au moment de l'éruption qui a détruit Pempei , on faisoil des réparations à J'une de ces maisons ; une grande quantité de morceaux de marbre et de belles tuiles entassées au pied des murs , et ornées de figures de chiens ou de renards très -bien modelés , devoir terminer le bord du toit et former les gouttières. D'après Pline ( liv. 35 cli. 43 ) ce seroit à Dibutade , le pré- tendu inventeur de la plastique, que l'on auroitdù l'idée d'orner ainsi les tuiles. Cette maison eût sans doute été très-élégante et décorée de jolies peintures , si l'on en juge par la seule que l'on y a trouvée. Elle représente, sur un fond rouge , la paix tenant de la mai!i droite une branche d'olivier, et de la gauche une corne d'abon- dance ; elle est ailée et va répandre ses bienfaits sur le monde. Sa robe légère et transparente ne la voile au'cn partie de la ceinture en bas. Haute d'un pied , celte figure , à laquelle il ne manqae que la tète ^ est assez bien dessinée , et touchée avec esprit et une grande légèreté de pinceau ; c'est un des meilleurs morceaux de peinture antique. Il est à croire que l'on y attachoit quelque prix ; car elle avoit été enlevée de la muraille , taillée en ovale , et mise en réserve en attendant qu'on pût l'employer. J'ai aussi remarqué une belle rosace de marbre blanc qui a pu servir à l'écou- lement du trop-plein ou des eaux surabondantes de la conseiYC ; un lézard et une grenouille sculptés en re- lief sur les feuilles,, rappellent ce qu'on lit dans Pline ( liv. 36 c. 4 ) au sujet des sculpteurs laccdémoîiiens , Batrachus et Saura , qui coustruisirent le portique d'Oc- tavie, et q>ii , n'ayant pu obtenir la permission d inscrire leurs noms scr ce bel édifice , élevé , dit - on , à (10) leurs frais , eurent recours à la ruse , et sculptèrent dans les volutes des chapiteaux , des grenouilles et des lézards, ce que signifient en grec les noms Batrachos et Scitiva. U est question dans Wiiikclmann d'une rosace pareille à celle de Pompei et trouvée à Tivoli , dans la maison de Cassius ; l'invention des sculpteurs grecs avoit paru ingénieuse et on Tavoit imitée. 11 faut avouer cependant que c'est un ornement assez bizarre , et qui , par rirrégularité de sa disposition , n'est pas d'un bon effet sur la rosace. Les maisons dont nous nous occupons , ont encore of- fert plusieurs objets intéressans ; des serrures et des fer- metures de portes en bronze et en fer et qui ont de grands rapports avec les nôtres ; une balance dont les bassins de bronze ont environ cinq pouces de diamètre , et sont suspendus par des chaînes à mailles très-serrées ^ fort compliquées et très-bien travaillées; une jolie tète de bronze casquée servoit de poids ; un superbe candé- labre de bronze de quatre pieds et demi de haut, terminé îi sa partie supérieure par un vase de la forme de celui connu sous le nom de vase de JVIédicis ; le pied du can- délabre est orné de grandes palmeltes , de tètes d'ani- maux et de pattes de lion parfaitement ciselées. On a encore trouvé dans ces fouilles des -vases de cuisine en bronze d'une belle forme , les uns avec des anses , d'autres avec des poignées élégamment cannelées et terminées par des tètes d'animaux très-bien faites j il y a entre autres une tète de chien remarquable. Parmi ces vases , le plus curieux , sans contredit , a été déterré le 18 du mois de Mars dernier; c'est un grand plat de bronze à double fond , qui devoit servir à maintenir chauds les mets que l'on y plaçoil. Il a quelque ressem- blance avec les plats de cette espèce dont on se sert aujourd'hui , et on pouvoit le remplir d'eau bouillante de (XI) la même manière; mais il en diffère en ce qxic l'on motloit les alimeiis dans la partie du milieu qui est relcvce comme une pelile assiette de six pouces de dia- mètre , et qui fait corps avec le reste du plat, des bords duquel, cependant, elle est, en quelque sorte, isolée par un renfoncement qui l'entoure ; il est demi-circulaire, de près de trois pouces de large et d'un pouce de profondeur ; une anse de fer, attachée aux exlreroite's du diamètre de l'assiette et en dessous, servoit à transporter ce plat, qui peut faire croire que Ton connoissoit à Pompei les raffinomens de la bonne chère -, nous aurions sans doute encore une meilleure idée de leur recherche , si en fuyant, et même après leur desastre , les habitans n'avoient pas emporté ce qu'ils avoient de plus précieux et de plus portatif; aussi la fragilité et le peu de valeur des vases de verre, les firent-ils abandonner, et l'on en trouve une assez grande quantité. Les dernières fouilles en ont fourni plusieurs, entre autres un vase de jix pouces de haut en forma de calice, et des verres à boire assez singuliers. Ils sont extrêmement minceSj hauts de six pouces, larges de deux et demi par le haut , et de quelques ligne* de moins par le bas. Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'un poace au-dessous du bord , ces verres ne sont plus ronds , et les côtés ont six renfoncemens très-profonds comme on en voit à certains vases de terre rouge ; ils continuent jusqu'au bas , et leur coupe horizontale seroit une étoile à six pointes arrondies. Le long séjour que ces vaies de verre ont fait dans la terre a décomposé et irisé en partie leur surface , dont se détachent des feuillets légers , qui bril- lent de reflets argentés et dorés, ou des couleurs de l'opalcj du saphir, et de l'émeraude; de peu de prix lorsqu'ils sortirent de la main de l'ouvrier , le temfs leur a donné un éclat qui les reijd précieux , et que ( 12) l'art ne sauroit imiter. Le verre que l'on trouve à Pom- pei est en général bien travaillé; les formes des dilFérens vases sont variées et assez pures chacune dans leur genre; les bouteilles, les fioles et une quantité de petits vas«s qui servoient à tous les usages du ménage , sont très- ronds et leur suifaee polie offie peu de soufflures. On ne rencontre pas de vases qui paroisscnt avoir été tra- vaillés au lour, mais il est douteux qu'on put les souffler, et les mouler mieux anjourdliLÙ ; le verre n^eu est pas très-blanc; il y en a de coloré surtout en bleu et en vert d'une tiès-belle nuance ; mais on ne voit , parmi ces différentes espèces de verres , rien qui ap- proche de la beauté de notre cristal. Les fouilles de ces maisons ont encore pirduit des coupes de terre rouge assez cuiieuses, ornées de feuilla- ges, d'enroulemens , de figures en relief^ d\me jolie exécution et d'uu bon style. Quelques antiquaires croient qu^ils viennent de la Gaule , parce qu'en effet on en trouve en France un grand nombre qui ressemblent à ceux-ci. .Te ne sais jusqu'à quel point cette opinion est fondée; la Campanie si riche envases et si habile à les faire, en tiroil-elle des autres pays? Je l'iguore .... ÎSIais les ornemens de plusieurs de ces vases, quoiqu^on y trouve des coqs^ me semblent d'un trop bon style pour être gaulois. On sait d^ailleurs par Martial ( liv. 14 ép. 114 ) que Ton fabriquoit à Cumes des vases d'une terre ronge ^ probablement les mêmes dont parle aussi Pline, (liv. 35 ch. 46) et si ceux-ci ne sont pas de Pompei , ils pourroient venir de Cumes; ce qui est plus simple que de leur donner une origine gauloise. Il est singulier cpie Pompei étant si près de ÎSola, et ayant certainement un commerce étendu avec les autres villes des provinces voisines , on n'y ait jamais trouvé de ces vases peints ; ou même sa, simple couverte noire ( 13) que l'on délen-e en si grande (quantité dans les tombeaux de jNola , de la Fouille et de la Basilicate , et qui , recherchés dans toute l'Europe , font l'ornement des ca- binets et sont considères comme des monumens précieux pour l'art et la mythologie. 11 est facile de se convaincre de leur mérite en lisant les beaux ouvrages de d'Hancar- ville , d'Hamilton , de Tischbti'i, et celui de M. MilLn qui les surpasse par la beauté de l'exécution et la varict* de l'érudition qu'il y a répandue. Les deux volumes déjà connus ne sont, pour ainsi dire ^ que le commen- cement de l'ouvr^gG , et son voyage en Italie lui fournira la matière de six volumes de vases, parmi lesquels il y en a un grand nombre de très-beaux et fort intéressans. On trouvera peut-être que je me suis un peu trop arrête dans Pompei , et que j'eusse dû arriver plutôt aux tombeaux , mais la route m'a paru intéressante , et j ai cru que tant d'objets divers méritoient de fixer cjuelque temps les regards. Nous voici aux tombeatix et nous al- lons y entrer ; nous ne nous occuperons que de ceax nouvellement découverts ; on trouvera dans l'ouvrage de M. Mazois tout ce qui regarde les autres ; il dira ce qu'on peut désirer sur les portiques qui bordent la rue des tombeaux , et sur un beau monument isolé , construit en forme de niche ou de cul de four, et qui se présente à droite en allant aux tombeaux ; il est décoré d'un fron- ton et de jolis ornemens en relief dont la plus grande partie n'existe plus; malgré ses agrémens, l'architecture de ce monument n'est pas pure , et l'on voit avec peine l'un sur l'autre^ et presque sans séparation , de petits pilastres très-courts qui forment les jambage» de l'arceau , et que leurs chapiteaux ornés de feuillages n'empêchent pas de produire un mauvais effet. L'endroit oii est placé ce monument , le siège de pierre qui règne autour dans l'intérieur; lui donnent quelque conformité , du moins ( 14) quant à la destination , avec ceux qui sont à la porte- de la ville auprès du tombeau de Mammia ; il devoit servir de lieu de repos et de réunion aux habitaiis de Pompci , et c'ctoit peut-être là que les oisifs fabri- quoient et débitoient les nouvelles. Le premier tombeau que l'on rencontre à gauche en continuant sa route est de peu d'intérêt ; construit de grosses pierres de tuf , il est massif et ce n'est mime qu^un grand socle orné d^une corniche et terminé par trois gradins ^ sur lesquels devoit être placé le tombeau en forme d'autel ; l'intérieur es! eu mauvais état , il faut descendre quelques marches pour y entrer. Ceux que l'on voit vis-à-vis, en grande partie détruits , n^'ont ïien qui puisse attirer l'attention. Il n'en est pas ainsi des tombeaux qui suivent le premier dont nous venons de parler j il est peu de monumens plus intéressans , et c'est une des plus belles découvertes que l'on ait faites à Pompei. ]S'ayant pas l'intention d'écrire une disserta- tion eu règle, je ne dirai sur ces tombeaux que ce qu'il faut pour en donner quelque idée à ceux qui ne con- ïieîlront ni l'ouvrage de M. Mazois , ni la dissertation que M. jMillin va faire paroître et à la quelle il a donné tous ses soins ^ il y a même joint de petites gravures qui ajoutei-ont du prix à ses savantes discussions , et qui^ mettant les objets sous les veux , les feront mieux con- cevoir à ceux qui ne peuvent les voir , et les rappel- leront aux personnes qui les connoissent. Je ne puis me refuser au plaisir de payer ici un juste tribut d'élo- ges au zèle infatigable que met M. Millia dans ses re- cherches sur «lllalie ; il a déjà fait la plus riche récite en dessins, gravures de monumens et en livres. Per- sonne^ je crois, ne s'est donné plus de soin pour ren- dre un voyage complet et intéressant ; il n^aura plus que la pt-iue de faire un bon choix dans un trésor im- ( 15) nicnse , et de mcllie en œuvre ses matériaux; il est vrai que ce n'est pas la moindre, (i) Chacun des quatre tombeaux que nous visitons est en- touré de murs qui laissent un intervalle de trois pieds entre eux et le monument. En gcnc'ral ces murs ont aux angles de petits pieds droits termine's en pointe py- ramidale, qui dépassent de deux pieds la hauteur dt: la muraille et sur les cotés desquels sont de petites lîgures allégorisques, en bas-reliefs, de stuc. Ces bas-reliefs sont dans le plus mauvais état , plusieurs n'offrent plus que la place où ils ctoient fixés , mais on peut encore distinguer le sujet qu'ils représentoient. On y remarque OEdipe devinant l'énigme du Sphinx, sujet qui a exercé «i souvent le génie des artistes, qu'il devientiinutile d'en parler : on le trouve sur beaucoup de pierres gravées et sur un beau vase de Nola de la collection de S. M. la Keine. Le Sphinx du bas-relief est assis sur un rocher au pied duquel sont trois des malheureuses victimes de SCS subtilités ; la pose d'OEdipe est belle et le dessia d'un bou style. Les autres bas-reliefs nous montrent la fortune sur un globe ^ elle foule aux pieds le monde, et paroît l'insulter ; des génies , une femme qui consacre une bandelette sur un autel , ce bas-relief est le mieux conservé j dans un autre on voit une femme qui orne de bandelettes un squelette couché à terre sur une petite élévation. La porte qui donne entrée dans la première enceinte du tom- I ) Étant allé à Pompei depuis l'insertion de ces artides dans Je Journal , et pendant qu'on les remanioit pour les mettre sous le format où ils paroissent ici , j'ai eu l'occasion de faire plusieurs observations qui m'ont engagé à ajouter certaines choses, à les mieux expliquer et à en retrancher d'autres. La dissertation de M. Millin Sl puru le 7. ( ^6) beau est trcs-basse , et convient bien à noire dernière demeure ; tout le monde est oblige de se courber et per- sonne n'y entre debout. Les murs, ornés de corniches élf^ganles , de frontons, et de quelques petits bas-reliefs très-simples, sont rcvèlus des stucs blancs très-bien faits et fort dur. Il est à regretter que le pnemier tombeau ail été d^^gradé dans sa partie supérieure par des racines d'aibres qui s'y sont introduites et qui l'on fait éclater; on y a même trouvé un trou et des dégradations d'an- cienne date. Sa forme est pareille à celle du tombeau dont j'ai dc^a parlé. Les trois marches qui couronnent le suie sont ornées de bas- reliefs rcpréscnlant de petits génies , des animaux et des chasses; ils sont très-dégradés, les st^cs se détachent du mur sans qu'il soit possible de les fixer , une partie se réduisant en poussière : par bonheur M. Morelli , dessinateur de l'académie l'oyale , et M. Mazois en ont fait, encore à temps, des dessins très-beaux et d'une grande exactitude ; et, vu les ravages du temps , ce sera les seuls auxquels on puisse avoir confiance. Lorsqu'on déterra ce monument, on trouva au pied du mur extérieur une grande inscription gravée en lettres onciales sur une table de marbre ; sa largeur étant absolument la même que celle du reste du tombeau placé sur les gradins, son épaisseur se rencontrant juste avec celle de la plinthe qui devoit la supporter, et qui est du même marbre travaillé de la même manièi-c , les angles offrant encore , à n'en pouvoir douter , des restes du plâtre qui avoit servi à la fixer, tout indiquoit delà replacer dans cet endroit, et on peut croire, sans trop se hasarder, qu'elle a été remise à sa véritable place. Celte belle inscription , un peu mutilée dans un coin qui a été brisé, est du reste parfaitement conservée, et fait espérer qu'on découvrira une statue équestre dans le forum f ù moins que celle qui avoit été décernée à . . . .ricins ( ^7 ) . . . .ricius Scaiirus par les Dccurîons de Pompei n'ait pas été exécutée. Voici celte inscription telle qu'on l'a trouve'e et dans les mcm'es proportions que l'original^ autant que l'ont permis les caractères d'impression. ^RICIOAFMEN SCAVRO ïï. VIR • I • D ^ECVRIONES • LOCVM • MONVM ICXD C K3 • IN • FVNERE • ET • ST ATVAM • EQVESTr /ORO • PONENDAM • CENSVERVNT SCAVR\ S • PATER • FILÎO Hauteur 4 pieds 7 pouc. Largeur 5 5 g 1. Hauteur des lettres de la i/" ligne, 5 pouces. On voit par cette inscription que ce monument a e'té élevé par A. Scaurus à son fils ....ricius (1) Scaurus ( 1 ) Le mot RICIO commence juste au bord de la cassure que j'ai fait figurer dans rim.pression , et l'on voit clairement que co n'est que la fin du nom. Il n'est guère possible d'adopter celui de Ricius , à cause de sa position dans l'inscription qui est gravée d'un© manière très-régulière , et à laquelle il nuiroit. 3 ( 18) cîe la tribu méncnienne, Duumvir chargé de la justice, auquel les Décurions ont accordé un lieu pour placer son tombeau , 2000 sesterces pour ses funérailles , et J'avois d'abord pensé que ce nom mutile pouvoit avoir été celui de Fabricius , mais de nouvelles observi^tions me font balancer. En prenant Tà-plomb du coin de l'inscription à gauche pour avoir le côté parallèlle à celui qui est entier , on trouve dix-neuf pouces de distance entre le pied de l'R et le côté qui n'existe plus. Les lettres de cette ligne de l'inscription en comptant les intervalles , ont l'une dans l'autre deux pouces trois lignes de large ; ainsi on peut placer dans les 19 pouces quatre lettres et quatre intervalles et d'autant plus que certaines lettres occupent moins de place que d'autres. On pourroit , en restaurant ce mot de rtcius en faire Fabricius , mais Ja f tmille Fabricia , une des premières de Rome , avoit-^lle quelques-uns de ses membres à Pompei , à cette époque ? C'est ce que l'on ignore , et Scaurus n'étoit pas le surnom de cette famille illustre. Parmi l'immense quantité de noms qu'offre l'index de Gruter , on n'en trouve que quatre terminés en RICIUS ; Fabricius , îmbricius , Um- bricius et Castricius. Ce seroit le dernier à qui je donnerois volon- tiers la préférence , il est tiré d'une inscription de Bénévent ; Martial ( li. 6, 43 , 68, li. 7, 06 ) adresse aussi plusieurs de ses épi- grammes à Castricus , un de ses amis qui habitoit Baies ; c«tte ville n'est pas ioin de Pompei ; le temps où vivoit Martial , sous Domi- tîen , s'accorde avec l'époque qu'on pourroit assigner au Castricius de Pompei ; et si ce n'est pas celui du poète épigrammatique , ce peut être un de ses parens. Il faut cependant avouer que l'ami de Martial se nomme Castricus ; mais le retraucliîment d'un I est peu de chose pour un poëte qui veut faire cTitier un nom dans ses vers ; la poésie permet bien d'autres licences , et les antiquaires peuvent ré- clamer la même indulgence. On ne trouve pas le nom de Ricins dans les inscriptions ; celui de Kiccius Atimetus et de Riccia Nym- fidia est dans une inscription de Valens, en lîspagne. Gruter p. 87G, 4. Je venois de terminer cette note lorsque j'ai eu recours* à l'excel- lente dissertation isagogique de Mt>nsignor Rosini , qui précède le grand ouvrage sur Herculanum , et j'ai eu le plaisir d'y trouver plusieurs Castricius dans une belle inscription d'Herculanum , ce qui ( >9) une statue équestre (i). Il seioit intéressant de savoir si ces Scauriis ctoient parciis du fameux JM. Scaurus qui , pen- dant son cdilitc, dcploya une telle prodigalité, que Pline ( Liv. 36 c. 24 ) met en doute si ces folies ne furent pas plus fatales aux mœurs de Rome , que les proseriptions de Sylla, beau-père de Scaurus. Le théâtre qu'il avoit fait construire contenoit 80,000 personnes j il étoit orné de 3,000 statues d'airain , et parmi ses 36o colonnes il eu ofTroit cent vingt de verre, luxe dont on n'avoit pas eu d'exemple et qui depuis n'a pas été imité. Il est probable que le Scaurus que nous ne connoissons que par cette inscription , avoit par ses bienfaits et la sagesse de son administration , mérité la reconnoissance des ses conci- lojrens. Ses funérailles furent célébrés avec magnificence j l'on y donna des jeux, des chasses d'animaux, -vena^ liones , et des combats de gladiateurs , dont le monument nous a conservé le souvenir, et qui le rendent très-curieux. La partie extérieure du mur d'enceinte du côté de la rue est chargée de bas-reliefs en stuc, et oflfre le com- bat de deux jeunes hestiaîres ( gladiateurs qui combat- toient contre des animaux ) , l'un contre un ours qu'il terrasse et tue , et l'autre contre un taureau qu'il a blessé d'un javelot ; le bestiaire paroît effrayé de la fureur du terrible animal et prend la fuite ; des chiens secondent peut appuyer ropinlon que j'ai arancée. Voici ces noms. PI. XV. 5.'' col. CASÏRICIVS • Q • L • CRESCENS— • C • CASTRICIVS . C • L • HERMES • pi. XVI. 3." col. A. CASTRICIUS • A • L * FELICIO — et il seroit possible que le CASTRICIUS • A • F • de rinscription de Pompel , fut le fils de A, CASTRICIVS FELICIQ d'JIercukinum. (1) On voit par plusieurs inscriptions rapportées dans la disserta- tion isagogique pag. 55. et suiv. , que quelques classes des habitans de Pompei et d'Herculannm avoient été agrégées à la tribu ménénia, l'une des tribus rustiques des Romains* (20) les chasseurs et l'on en voit deux qui attaquent un énorme sanglier : un lapin , un lièvre , un loup et un cerf blessé occupent le haut du bas-relief; on livroit ces animaux timides au plaisir du peuple qui s'amusoit à les poursuire. J'avouerai franchement que je m'étois trompe au sujet des besliaires dans les articles insérés dans les journaux ; l'ovale de la tète de l'un d'eux , sa coiffure, dont on n'apeiçoit que les restes, la jeunesse de ses formes , la rondeur et le moelleux des contours de ses bras , la délicatesse de ses mains , et dans son ensemble quelque chose de plus gracieux qu'il ne convient à uii gladiateur, tout me l'avoit fait prendre pour une femme ; et comme plus d'une fois des femmes , oubliant toute pudeur , descendirent et combattirent dans l'arène , rien u'empèchoit de croire que les Campaniens, avides de 'oute espèce de spectacles , eussent vu avec plaisir des femmes essayer leur couiage et hasarder leur vie dans de pareils combats. Pdais en examinant cette figure avec plus d'attention, j'ai reconnu mon erreur, et je m'empresse de rendre son sexe à ce gladiateur , dont les formes, le costume sont semblables à ceux de l'autre bestiaire qui est beaucoup mieux conserve. Ces figures de deux pieds et demi de proportion ont peu de relief et le dessin en est très-médiocre ; elles sont cependant d'un assez bon mouvement ; et quoique il s'en faille de beaucoup qu'on puisse leur trouver autant de grâce qu'à celles du temple d'Isis , on y reconnoît un certain air de famille, et je serois porté à croire qu'elles sont de la même époque, et peut-être de la même main à qui Popidius avoit confié la restauration du temple de la Déesse égyptienne. On feroit cependant tort au goût du sculpteur en lui attribuant des bizarreries que l'on remarque dans ces bas-relicfs. Le sang qui sort de la blessure des animaux , de celles des gladiateurs , dont (21) il sera question lont-à-riicure , quelques orncmens de leurs boucliers el du reste de leurs armures, sont peints en rouge, tandis que dans tout le reste on a conservé au plâtre sa couleur ; l'on seroit tenté de rejeter celle singularilc de mauvais goût sur les ouvriers qui , ayant peint en rouge les marches qui servent de soubassement an monument , se seront amusés à barbouiller ainsi les figures, que du moins le sculpteur auroit dû défendre;, je ne sais si d'aulres bas - reliefs antiques offrent cette particularité. Au resîe , on aimoit assez à Pompei à joindre la couleur aux oriicincns en relief; le fond de presque toutes les petites corniches des chambres est peint en bleu et en rouge, probablement dans l'intention de faire ressortir la blancheur des moulures. Je ferai encore observer que la plus grande partie des bas - reliefs de ce beau monument avoit été restauré autrefois, et je dois cette remarque à M. Mazois , à qui rien n'échappe. La restauration tombée en plusieurs en- droits, laisse à découvert les parties les plus anciennes^ et il est à regretter qu'elles aient été retouchées : elles y ont perdu ; les contours et le travail de dessous sont plus fermes et mieux sentis que ce qui les recouvre ; le stuc en est aussi plus dur , plus lisse et beaucoup moins friable. Quelques figures qui n'avoient pas été restaurées sont sans comparaison meilleures que les aulies. Ces bas-reliefs , ainsi que presque tous ceux qu'on trouve à Pompei , sont fixés sur la muraille dans leurs parties les plus saillantes, par des clous, cpii malheureusement ne sont pas tous de bronze , les bas -reliefs auroient moins souffert, car le verl-Je-gris nuit moins au stuc que la rouille du fer ; aussi les parties attachées avec des clous de ce métal , sont-elles les plus dégradées ; mais ce seroit une eiTCur de croire que la chaleur des cen- dres , fût pour la moindre chose dans la dégradation du (22) fer ou du bronze. Cette chaleur, quoique très-considé- rable , ne l'a pas ëlé assez pour les attaquer et encore moins pour les fondre ou les scorifîer ; des cendres ou de petites parcelles de rapillo ou de pierres ponces qui ne font pas corps entr'elles , sont loin d'acquérir le degré de chaleur de la lave liquide qui la conserve pendant plusieurs mois , tandis que les cendres se re- froidissent assez proraptement. Il n'y a peut-être pas eu à Pompei le moindre morceau de fer ou de bronze fondu par la chaleur , ou à qui elle ait fait changer de forme. On y retrouve intacts les mcdailles_, les plus petits instrumens , et des feuilles de métal très-minces ; dans des endroits le plus près du sol et qui ont été recouverts de la plus gi-ande quantité de cendres brû- lantes , les vases de verre n'ont presque pas souffert , et s'ils s'exfolient , ils le doivent à leur long séjour dans les cendres, et à l'action des sels qu'elles contiennent. On trouve aussi du bois , de la toile conservés malgré la chaleur ; comment des broches de fer et de bronze , métaux si réfractaires , auroienl-ils pu en être altérés ? étant surtout dans un endroit assez élevé et ou la masse de cendi-es chaudes superposée éloit peu considérable. Si on voit autour des clous ou des instrumens de fer et de bronze quelque chose qui ressemble à des scories , ce ne sont que de petits morceaux de pierre ponce ou quelquefois des parcelles d'albâtre gypseux des bas- reliefs que la rouille a fixés sur le métal et à qui elle a donné sa couleur. hes bas-reliefs dont nous venons de parler occupent la partie inférieure , ou environ les deux tiers de la muraille ; la partie supérieure forme mie espèce de frise qui règne jusqu'à l'extrémité du mur et dont les Las-reliefs représen- tent des combats de gladiateurs. Ils dévoient être assez fré- quens à Pompei, les Campaniens les aimoient avec fureur ] (23) ils se plaiioieni à v^ir le sang de ces malheureuses victimes de leurs plaisirs, ruisseller dans leurs salles de fcsiin , et ce lut d'eux que les Romains prirent cette coutume barbare- les cris, le tumulle des combaltans mêles au son des instru- mens , aux plaisirs , au délire de Bacchus et de Vénus^ leur paroissoient le plus roluptueux spectacle. Des inscriptions trouvées autrefois à Pompei annonçoiçnt le combat de vingt couples de gladiateurs dans ramphilhéâtre. On compte dans notre bas-relief dix-sept figures ; celte suite inte'ressante nous offre presque toutes les espèces de gladiateurs ; leurs armes et leur costume les font reconnoîlre; on en seroit encore plus certain si le temps n'avoit pas effacé en grande partie les noms qui étoient peints en noir auprès des figures; ©n en déchiffre cependant quelques-uns , que M. IMillia a recueillis et dont il a tenté l'explication ( i ). (i) Il seroit k désirer , pour l'exactitude de ces explications , que M. Millin eût eu moins de confiance en son dessinateur , et qu""]! eût vérifié lui-même les inscriptions ; ses yeux exercés ne l'auroient pas trompé. Plusieurs lettres ont été omises , et les inscriptions ne sont pas toutes à leur place. Il y a encore dans le dessin du bas-relief d^autres inexactitudes très - considérables , échappées au dessinateur , habile du reste, mais qui peut-être n'a pas l'habitude de dessiner ies bas- reliefs en mauvais état. Voici les noms , tels , du moins , que je les ai pu déchiffrer. A la première ligne en grande partie effacée et en caractères d'une mauvaise forme : MVNERE — AMPLIATI • P • ( ou D ) F • SVMMO M.' Millin croit qu'il y avoit QVINTI entre munere et Ampliati, et les restes des lettres paroissent indiquer cette restauration. D'après ce que j'ai dit sur l'inscription du monument , je ne puis m'empê- cher de penser que cet Ampliatus ne fut que chargé de donner ou de diriger les jeux funèbres à l'honneur de Castricius Scaurus ; ce nqpi se présente plusieurs fois dans les inscriptions , et on le trouve sur des ampliores de terre grossière et sur des tuiles de Pompei, ce qui peut autoriser à penser que ce n'étoit pas une des premières famille* (24) En parcourant le tas-relief, ces deux eladialeuis à cheval qu'on voit à gauclie sont peut-être les AnclabaLes qui com- de cette ville. Les noms que l'on Toit à côté de chaque gladiateur , sont plus pttits que ceux de la première ligne ; quant à la forme des lettres on sait que l'écriture cursive est bien différente des caractères gravés à la même époque et n'a pas ?a même régularité. Les I , les L et les T de ces noms se ressemblent tellement qu'il n'est presque t)as possible de les distinguer , ce n'est que leur position dans les _ mots qui les fait rf connoître ; le T et i'I du nom d'Atimetus d'une C'\. 'ji iV inscription gravée de Pompei , sont absolument semblables. ( Voyez £)!, 4 quelques raols de l'inscription des gladiateurs , je les ai,cal- qués avec soin et on peut se fier à leur exactitude.) Noms à côté des gladiateurs ; on n'a pas pu conserver la distance de chacun de ces fragmens. BEBRYx • IVl • ( ou IVL , ou TVL, ou TVT ) XV • V • NOBILIOR- IVI • XII IVI • XV MI IB • XXX • V • — SVS • IVI • XV • M ■ O ( le thêta grec ) • HIPPOLYtVS • XV • V — CA- • • TVS • IVI • VI — NITIMVS • IVI • V — A • IVI • M • Je n'ai jamais pu lire autre chose que NOBILIOR* M. Millin lit NCBIL* FOR • IVL • XII • Nobilis de Forum-julii ou Fréjus a vaincu douze fois , ce qui s'accorderoit avec le Bebrix qu'on peut croire de la gaule Narbounoise ; en admettant cette explication , et en lisant IVL partout, tous les gladiateurs auroient été de Fréjus , et tous vain- queurs, ce qui n'est guère probable. Quelqu'un se prépare à donner une autre interprétation de ces lettres. Au reste on ne pourra plus con- sulter les mots NOBILIOR • IVI • XII" dans l'original, le stuc est tombé et les a fait entièrement disparoître. Ces mots ont été lus BEBKIX - et NOBILTON par un savant qui veut absolument que ce soit les noms de gladiateurs anglais. Ces discussions , sur des choses de fait , cent propres à dégoûter des antiquités et de leurs inter- prétations , ceux qui n'ont pas une vocation bien décidée. M. Millin explique, et probablement avec raison, l'M. et le thêta , par la mort d'un Mirmillon , gladiateur gaulois. Le thêta étoit un signe de mort ; on trouve cette lettre employée sous ce sens dans des inscriptions sépulcrrles ; dans Martial 11. 7. ep. 56 ; et il me semble avoir lu quelque pn-'t que , dans certains tribunaux de la Grèce , les juges ccndamnoient à mort en écrivant un thêta à la suite du nom de l'uccusé, et en jetant ce signe funeste dans l'urne du scrutin. baltoicnt (25) battoient à cheval ; armôs de toutes pièces et coiffes de cas- ques dont la visière r;>b ilUie n'avoit pas d'ouverture poul- ies yeux , ils se porloietit des coups au hasard : cctle ma- uière de se baitre avoit donné lieu à plusieurs prover- bes. Cependant d'aprc-i de nouvelles observations et d'après ce que je viens de lire dans la dissertation de M. Miilin, je ne tiens pas à mes andabates, sur lesquels on n'a, comme il le remarque très-bien , que des notions vagues , rap- portées par J. Lipse sans beaucoup de critique ; d'ailleurs quoique une des tètes de ces gladiateurs soit entièrement abîmée , et que l'autre ne soit pas en bon état , on voit , en y regardant de près , que ces casques avoient des ouvertures pour les yeux ; dès-lors ils ne conviennent plus aux andabates , mais à d'autres gladiateurs , qui combattoient à cheval. Les casques des personnages de ce bas-relief, et, à l'exception de trois, ils en ont tous, offrent une singularité assez remarquable et que je ne puis parvenir à expliquer ; l'une des ouvertures des yeux est ronde et assez grande , l'autre a la forme d'un petit grillage , tantôt rond , tantôt carré , et placé chez les uns devant l'œil droit , et devant l'oeil gauche chez les autres \ si ce petit grillage étoit toujours à droite oa pourroit croire qu'il servoit à protéger Tocil de ce côté, le gauche pouvant rester couvert par le bord du bouclier, et de cette manière le gladiateur eîït eu la facilité d'ob- server avec plus de sûreté les mouvemens de son ad- versaire. Pourroit-on supposer que la position de ce grillage variât , lorsque le gladiateur étoit gaucher ? Oa admettra peut-être cette interprétation , lorsqu'on saura qu'un des gladiateurs tue son adversaire de la main gauche • le mauvais état du casque n'a pas permis de voir de quel côté étoit la petite grille de la visière. Les formes des casques sont assez variées, quelques-uns portent de beaux cimiers et ont sur les côtés des ailes 4 eu des plumes , comme en offre une grande quantité de casques des vases peints. Les visières sont toutes bais- se'es , et font ù-p€u-prcs le même effet que celles de nos anciens chevaliers ; elles s'abaissoient de même par le moyen de charnières et diffcroient en cela de celles de cas- ques plus aiîciens qu'on porloit un peu en arrière , et la visière en l'air ; l'on étoit obligé de changer la po- sition du casque et de le raballre sur les yeux tout entier , lorsqu'on vouloit se couvrir le visage , ce qui «e voit dans les peintures de plusieurs vases antiques et par la forme même des casques que nous ont conserves des statues , des bas - reliefs et des médailles où l'on a ménagé, dans la visière qui n'est pas mobile , l'ouverture des yeux , la place pour le nez et une fente rerticale pour respirer ; les casques du bas-relief ont aussi celte fente ; on en a trouvé de psreils ou à peu de chose près à Pestum et dans d'autres fouilles. Il seroit difficile de parler de la forme des épées , il n'en reste aucune entière. Les boucliers sont ou ronds comme la parina de la cavalerie , ou longs en forme de tuiles creuses comme le ScuUan \ il y en a aussi d'une autre forme, dont il sera question plus bas; quel- ques-uns portent des ornemens , parmi lesquels on dis- tingue des néréides , dont les contours ne sont qu'indi- qués et gravés sans relief, on ne peut les apercevoir qu'eu s'approchant de très-près. A l'exception des deux ca- valiers dont les manteaux cachent la ceinture , tous les gladiateurs ont des suhligacula , espèce de ceinture qui retombe entre les cuisses , est relevée sur les côtés el forme par devant un petit tablier triangulaire orné de franges : le ceinturon de métal est garni de boutons et d'ornemens. Le haut du corps est nud , ou s'il ne l'est pas , il n'est recouvert que d'une cuirasse légère ; deux des gladiateurs ont la poitrine revêtue de bandes qui (27) se réunissant en un seul point, un peu au-dessous du sein droit , vont en s'élarglssant en forme d'éventail jusques sur les épaules et sous les bras j elles sont fixées au-dessous de la poitrine par une large bande. Quelques chaussures g;uaiilissciit toule la jandje , d'autres ne «ont que de pelils brodequins lacés sur le devant ; ils ne moulent que de quelques doigts au-dessus de la clieville et laissent le pied à découvert ; leurs ornemens montrent que le costume des gladiateurs étoit reclierché dans toutes ses parlies. Leurs bras droits sont protégés par des bandes transversales rentrant l'une sous l'autre comme des écailles et qu'on peut croire de métal, on n'en voit pas au bras gauclie que couvroit le bouclier. ( Voy. la pi. 2. ) Le nom de Bebrix écrit près d'un des cavaliers , indique ou un gladiateur thrace , ( La Propontide , qui baigiioit une partie des côtes de Tbrace , étoit quelque- fois surnommée mer bébricienne ) , ou un gladiateur Gardois. ( un peuple de la gaule narbonnoise près des Pyrénées se noinmoit Bébrices , suivant Lycophron et Tzetzès. ) On trouve ce nom de Bebrix dans une ins- cription de Gruter. Deux autres gladiateurs ont déjà com- battu ; près d'eux un Mirinillon blessé paroît demander la vie , un genou en terre, il lève le doigt pour implorer la pitié du peuple. Le gladiateur qui vient ensuite, saisit de la main droite par la tète celui qu'il a vaincu et qui est à ses genoux, et de la main gauche il lui en- fonce son épée dans la poitrine ; le Mirmillon vaincu , mais rempli de courage paroît se précipiter sur le coup qui lui donne la mort. Ceux qui sont près de ce groupe doivent être des réùaïres , ils n'ont pas de casque , et sont armés d'un Irident pour frapper leur antagoniste le tecutor , et l'on aperçoit à peine une partie du filet dont ils cherchoient à l'envelopper. Les réliairps ont suspendu leur combat, l'un d'eux pousse par les reins le gladiateur à qui l'on arrache la A'ie , et semble vouloi? lui rendre se» derniers moinerjs moins pénibles et l'aider à mourir , en faisant entrer plus avant l'cpce dans son «ein ; c'est un triste et dernier devoir. Parmi les autres gladiateurs il est facile de distinguer ceux qui jusqu'au temps d'Auguste furent nommes Sc(?nniles , et auxquels ^ en liaine de cette natior; , les Camjianicns avoient donné ce nom , que l'on cliapg''a depuis en celui à'Oplomaqiies. Ordinairement leur armure éloil très-riche ; celles-ci pa- roissent l'être; leur casque éloil orné d'un panache; ils se couvroient d'un bouclier long, large par en haut et cjui se rélrécissoit vers le bas ; leur jambe gauche , celle que dans le combat ils portoient en avant , éloil garan- tie par Vocrea espèce de botline de bronze ; et une éponge placée sur la poitrine leur servoit de cuiras- se. Telle est la description de l'armure des Samuites que nous donne Tite-Live , et que nous offre notre mo- nument, à l'exception de l'éponge que Ton ne voit pas sur la poitrine des gladiateurs; peut-être n'avoient - ils pas adopté tous ce genre de cuirasse. Il y a à Pompe! un autre gladiateur qu'il n'est pas facile de trouver , vu sa peliiesse , à moins d'en être averti _, et qui ne laisse pas d'avoir de l'intérêt , malgré la barbarie de son des- sin. C'est une petite figure de deux pouces de haut , gravée bien maigrement et sass doute avec un cluu ou la pointe d'un couteau , par cjuelque soldai ou un gladiateur , sur le stuc rouge de la neuvième colonne de gauche du quarlier des soldais en venant du théâtre. Celte petite figure doit être un gladiateur samnite , eï l'on y retrouve tout ce que leur attribue la descrip- tion de Tite-Live, et ce qu'on voit dans le bas-relief; le morceau carré attaché sur la poitrine par quatre courroies, pourroit-être l'éponge ; les trois ou quatre petits traits qui sont au-dessous du genou droit n'y ont pa^ (29 ) tic mis au hasard . ce sont des bandelettes que portent à la même place les gladiateurs du bas-relief , et qui dévoient avoir quelque but d'utilité; peut-être sont-ce des bandes pour ctaneher, le sang ou pour bander des blessures légères ( Voy. fig. 2 ). On doute quelquefois de rauiheuticité ou de l'antiquité de cette mauvaise petite jfîgure ; mais quand il ne seroit pas sûr qu'elle a été con- servée avec respect depuis sa découveile, elle me paroilroit incontestable, et je ne sais si même un antiquaire, qui u'oùt pas connu le tombeau nouvellement déterré, eût pu ia faire avec autant d'cxaclitude , et sans omettre des détails. Les personnes qui ne savent pas dessiner , cherchent ce- pendant à indiquer tout ; un hussard qui en charbonne un autre sur une muraille , n'oubliera pas une courroie, une boucle , un bouton de son équipemeut ou de celui de son cheval , et ce dessin grossier pourroit être Irès-ulile à un dessinateur qui n'auroil jamais vu de hussard ; un bon matelot en feroit autant d'un vaisseau ; et c'est cer- tainement un soldat , ou un gladiuleur ancien , qui s'est amusé à nous laisser sur cette coiunne un essai de son talent. S'il ci^it écrit d'une manière un peu plus lisible, l'inscription très-iînc qui est au-dessus de son gladiateur, pourroit nous apprendre le nom de celui dont il a pré- tendu faire le portrait. La figure première des planches offre la copie exacte du chef-d'œuvre du soldat pom- péien ; on trouve sur la muraille du passage qui de la rue de l'Odéon conduit au grand théâtre , des figures de gladiateurs plus grandes et beaucoup plus grossièrement faites , mais oii l'on parvient cependant à reconnoître les mêmes armes et le même costume. Mais revenons à notre bas-relief; un gladiateur fuit devant son ennemi et cherche en vain à exciter la pitic du peuple , il va sans doute recevoir la mort , qu'il n'a pas su affronter avec courage. La partie du bas - relief (3o) qui est au-dessus de la porte, $e compose de cinq figures d'une meilleure exécution que les auffes et qui avoieat été moins restaurées ; aussi ont - elles mieux résisté aux injures du temps et sont d'un assez bonne conservation. Sur la droite un gladiateur tombe frappé d'un coup mor- tel, que vient de lui porter dans la gorge son adversaire atteint lui-même de plusieurs blessures; un autre gla- diateur a laissé tomber ses armes , il s'avoue vaincu , et lève la main pour demander la vie ; son antagoniste , à qui on a peut-être permis d'en disposer , ne paroil pas disposé à la lui accorder , il est sur le point de le frap- per ; mais le laniste lui retenant le bras , cherche à émouvoir sa pitié et à obtenir la vie du malheureux vaincu. C'est ce groupe, le mieux conservé de teut le bas- relief, que j'ai choisi pour faire connoître le costume des gladiateurs et le style des figures de ce monument. Nous passerons au tombeau suivant. C'est une tour ronde, de briques, revêtues de stuc blanc, oii l'on a figuré des pierres. Elle a environ i5 pieds de haut. A. l'exception de la partie supérieure, ce monument est bien conservé; on y monte par un petit escalier ; les urnes cinéraires^ encastrées dans les trous du cohniihariinn circulaire et terminé en voûte, sont d'une terre grossière comme la plupart de celles que l'on trouve dans ces tombeaux ; elles renferment encore quelques cendres et des osse- inens que le feu n'avoit pas consumes. Le monument ne porte pas d'inscription; on l'eût peut-être placée, ainsi qu'un bas-relief, dans une cavité ménagée dans le mur extérieur. Les tombeaux que nous venons de visiter ne sont que de tuf ou de stuc \ les deux qui les suivent , en grande partie de marbre blanc , sont enrichis d'ornemcns d'un bon style , bien refouillés , et d'un bel effet ; leur parlfe supérieure est leruiiiiée par des lenroulcmens de feuilla- (5i ) ges , tels qu'on en voit à plusieurs tombeaux, k âes lectislernes, et qui" forment des espèces de coussins à leurs extrémités. Le premier de ces monumcns n'a de porte ni à son enceinte, ni dans son soubassement ; on croyoit qu'il avoit été forme et enduit de sluc , lorsque le co-^ lainhariuin n'avoit plus de place vide, et que c'cloit une précaution qu'ayoit prise le propriétaire pour ne pas être dcrangé chez lui; pour s'en assurer, on a clierché à y pénétrer par-dessous , et l'on a trouvé qu'il ctoit raassif , ce n'étoit qu'un tombeau Iionoriiîque. Le mur du fond de l'enceinte est surmonté d'un fronton orné de très-jolies moulures , deux victoires ailées , en bas-relief et qui volent, soutiennent un encadrement, dont la table de marbre étoit destinée à une inscxiption qui n'y a jamais été gravée ; le marbre en est très-uni et n'a pas souffert de l'action de la chaleur ; elle eût attaqué bien plus fa- cilement les stucs qui ont conservé toute la fermeté de leurs moulures et des ornemens dans les parties conservées, si quelques-unes sont dégradées c'est à l'humidité que l'on peut l'attribuer. Les ornemens de ce tombeau sont d'autant plus curieux , qu'ils servent à expliquer des inscriptions sur lesquelles on n'avoit eu jusqu'à présent que des notions très-vagues. On avoit trouvé plusieurs fois l'honneur du Biselliimi accordé à différentes per- sonnes , et on avoit discuté ce que pouvoit être ce Bi- sellium, qui a donné lieu à plus d'un ouvrage, cités dans la dissertation de M. Millin. Il n'y a plus liea de douter lorsqu'on a vu ces tombeaux ; leurs inscrip- tions attestent que .l'honneur du Bisellium fut décerné à C. Calvenlius Quietus , et à C. Munatius Faustus , et les sculptures nous donnent la figure du Bisellium. On voit au premier coup-d'œil , qu'il faisoit jouir du privilège d'être assis seul , dans les assemblées publiques , sur un siège qui auroit pu conteoir deux personnes. Le jffi- (32) sellium du premier tombeau est très-beau ; ( Voy. fig. o. ) l'autre l'eût été de même si on l'avoil terminé. C'est un siège assez long , sans dossier et sans bras , dont les pieds sont richement ornés , et sur lequel est un coussin assez mince , orné de franges , et qui retombe des deux petits côtés du Biselliiim 5 enfin cet honneur consisloit à être assis sur un très-grand tabouret, et l'on voit par ces inscriplious, qu'il étoit accordé par les Dcciirions avec le consentement du peuple. Les deux personnages dont nous BOUS occupons l'avoicnt obtenu pour leur munificence et \es services qu'ils avoient rendus. Us éloient tous les deus Augustaux , titre qu'on donnoit non-seulement à des prêtres d'Augusle ou de ses successeurs , mais aussi qtielquefois aux personnes considérables des colonies et des municipes , et qui formoient une classe intermédiaire entre les Décurions et le peuple. Voici les deux inscrip- tions dont ou vient de voir le sens. 1.*' Tombeau, C. CALVENTIO. QVIETO. AVGVSTALI HVIC. OB. MVNLFICENT. DECVRIONVM DECRETO. ET. POPVLI. CONSESV. BISELLlL HOJVOR. DATVS. EST. ( Consesu pour Coiisensu ) 2.* Tombeau, NAEVOLEIA. T. LIE. TYCHE. SIBI. ET C. MVNATIO. FAVSTO. AUG. ET. PAGANO. CVl. DECVRIONES. CONSENSV. POPVLI. BISELLIVM. OB. MERITA. EIVS. DECREVERVNT. HOC, MONIMENTVM. NAEVOLEIA. TYCHE, LIBERTIS, SVIS LIBERTABVSQ, ET. C. MVNATI. FAVSTI. VIVA. FECIT. La (33) La première inscription ue dit pas qui avoit ulcvé ce beau luonunicnt à C. Calvenlius ; mais ou sait par celle du second que l'affrauchia jSaevoleia Tyclic avoit fait construire , de son vivant , ce tombeau pour y retit'crmer ses cendres et celles de C. Munatius Fauslus, et de leurs affranchis des deux sexes. Cette lormule se trouve dans un grand nombre d'inscriptions, ainsi que les noms de Calventius , de Munatius , de iSaevoleia , communs k plusieurs personnages. Quoique le mot de Fatroniis ne soit pas dans l'inscription , il est probable que Mu- natius avoit été le mailre de ISaevoleia , qu'il i'avoit enrichie et qu'il s'étoit acquis' de giaiids droits à sa re- connoissance. Cette inscription est en assez mauvais état et ne se lit pas sans quelque dilïiciilté. Si je ne me iromije, j'ai trouvé une sœur de celte ISaevoleia Tyche ; el je croirois que l'I, qui suit sou nom, indique qu'elle étoit la première sœur ou l'ainéc de Julia Tyche dont on voit la pierre sépulcrale dans une petite enceinte carrée qui est à coté du tombeau de Scaurus. La barre supéiieure est si effacée qu'on ne peut en répondre j Gruter expli- que cette sigle 1. par, sœur ainée j il n'en fournit qu'un exemple p. XXIV. 4 ; il paroit qu'on peut ajouter celui- ci , à moins que l'I. L. ne signifiât luliie Libéria , et que Naevoleia Tyche ne fit affranchie de Julia Tyche : Voici l'inscription de celte dernière IVNONI TYCHES • 1VLIÂ.E AVGVSTAE • VEtNER consacré à Junon , protectrice de Julia Tyche , et à Vénus Auguste ; on donne ce titre à la Déesse de la beauté dans plusieurs inscriptions. Celle-ci est sur une (34) pierre sépulcrale , comme on en voit plusieurs à Pompei j la partie inférieure carrc'e est surmontc'e d'une espèce de boule sciée par le milieu et qui de loin paroît èlre une sphère platée sur un cippe. M. Millin a cru y lrou\ cr une allégorie; et cette sphère devoit désigner la fatalité ; mais il auroit changé d'avis s'il eiit regardé le revers de ces pierres ; des cheveux et des tresses arrangées de différentes manières, et dont cjuelqu es-un es reviennent même sur le devant de la pierre , indiquent clairement que ce n'est autre chose que la silhouette grossière d'une figure humaine vue de face , et dont on a applani le côté de devant pour y placer rinscriplion. Ces pierres ont de grands rapports avec celles dont les Turcs ornent leurs cimetières , et qui sont terminées par un turban ou quelque autre coiffure. ( Noj. la planche 5 , ilg. 17 , 38 , 19 , 20 et 21. ) On a pu remarquer que les liabilans de Pompei ne monlrent pas beaucoup de sensibilité dans leurs inscrip- tions sépulcrales ; on n'y trouve aucun de ces regrets touchans , aucune de ces expressions tendres cjui adoucis- soient et consacroient la douleur : que la lerre te soit légère ; cjue tes os reposent vioUement ; puisse ion tom- heau se couvrir de roses ; et tant d'autres formules que les recueils d'insci'iplions oCTrent en foule et qui sont remplies d'idées agréables ; les inscriptions que l'oPi doit encore découvrir à Pompei ; la justilîeront peut-être de ce reproche. Sur une des faces de l'autel cpi couronne le monument est sculpté un vaisseau qui porte une voile carrée, et" telle qu'on en voit à un navire des peintures du temple d'Isis , conservées à Portici ; un honinic est au gouvernail ; on le reconnoît à ses cheveux courts , à sa tunique qui descend à peine jusqu'aux genoux; le bras gauche de cette petite figure est cassé , mais on aperçoit encore sa direction ; il devoit tenir le timon du gcu- (35) vemail dont il reste quelque trace. Ce vaisseau est pOnté et très-curieux ; toutes ses parties sont bien distinctes ; on. V voit la cliénisque ou le col d'oie surmonté d'une espèce d'enseigne ; ce qui s'avance au-delà de la poxipe paroJt être creux et pouvoit servir de magasin. Une tote de Minerve orne l'aplustre ou l'acrostole , car on n'est pas bien d'accord sur la position de ces ornemens, et ce qu'on voit ici n'est peut-être que la tablette oii l'on inscrivoit ordinairement le nom du bâtiment , et où l'on peignoit des jeux. Il est à remarquer que la proue et la poupe du vaisseau du bas-relief, diffèrent beaucoup de celles de tous les navires des peintures antiques , ou des médailles et de la colonne roslrale. C'est un autre genre de vaisseau qui n'est pas destiné à la guerre •, aussi n'esl-il point armé de ce terrible éperon ou rostre, si redoutable dansles combats. On attacboit probablement des banderilles à la pique qui est à l'avant , et la demi-sphère qui- est au-dessous , figure peut-être les boucliers c[u'on suspendoit quelquefois aux navires. La manière dont on carguoit ou serroit la A^oile est assez singulière, et devoit être sujette à bien des inconvéniens dans de gros temps. On la relevoit comme un rideau par des cordes attachées dans sa partie inférieure et qui , après avoir passé dans des anneaux fixés à la vergue , redescendoient et venoienl se réunir et se lier à une pièce de bois élevée et percée de plusieurs trous. Comme le bâtiment est assez profond , il est possible que les balustrades qui régnent dans son bor- dage fussent à jour , et qu'on les ouvrît de même que nos sabords , lorsque le temps le permettoit ; ou peut-être ces ouvertures étoient-cllcs desîinces à laisser passer les rames. Des crifaus ou plutôt de petits génies nus montent dans les cordages , ou tirent sur une poulie de la même manière qu'on le pratique encore anjourd'hui dans le midî de la Mcditerrande , et la poulie est attachée de même ; (36) deir'f autres petits marins cargucnt la voile, l'on arrive au port, elle est devenue inutile. Ce vaisseau n'est peut- cire qu'un emblème de la vie ; balloté , tourmente par mille tempêtes , navigant à travers les écueils , on ne jouit du repos que dans son dernier asile. ( Yoj. la pi. 3 , la réduction est de 3 pouces pour le pied. ) Un autre tas-relief, assez mal conserve, représente quelque céré- monie funèbre dont les personnages sont velus à la romaine , il n'a rien de particulier ; un enfant immole ou consacre un oiseau sur un autel. En entrant dans l'intérieur du colombnrium on l'a trouvé parfaitement conservé et n'ayant pas même souffert de l'humidité j il est très-petit et n'a environ que six pieds en carré , les murs sont grossièrement recrépis de chaux et de pouzzolane , et il n'y a , pour placer les urnes, que deux rangs de petites niches dont l'un est â ras de terre. L'une de ces niches est beaucoup plus grande que les autres, ainsi que l'urne qui y étoit ; et à la quan- tité de cendres et d'os qu'elle contenoit, il est facile de voir que c'étoit les restes de plus d'une personne ; peut- être ceux de Naevoleia avoient-ils été confondus avec les cendres de iVlunatius ; unis pendant leur vie , ils n'avoicnl pas voulu que la mort les séparât. Quatre des urnes fermées d'un simple couvercle ne sont que de terre gros- sière. Il y en avoit trois grandes eu verre renfermées dans des vases , ou des caisses de plomb munies d'un couvercle; l'un de ces vases a prc-jquo la forme d'un oeuf, le des- sus de l'autre est garni d'une anse pour l'enlever. Les urnes ont à-peu-près quinze pouces de haut et dix de large , leur ventre est fort renflé ; au col , beau- coup plus étroit, s'adapte un couvercle de verre qui n'a qu'un petit trou dans sa partie supérieure , et qui étoit lulé avec du plâtre , dont il y avoit encore quelque reste dans un petit pot. De chaque côté cS (37) vers le liant des urnes , s'élèvent de doubles anses qui ont la forme d'une M trcs-rYâlce et s'arrondissant par le haut. ( Voy. la pi. 5, ) On vient de découvrir à Cumes des tombeaux où l'on a trouvé de» lampes com- munes, quclf[u2s pentes fîolcs , et une urne de verre pareille à celles dont il est queslion ici. Si l'on ne craignoit d'encourir le rcproclic de recîicrchcs subtiles, on iroit jusqu'à dire que les anciens, qui avoient beaucoup de goût pour l'allégorie , vouloieot nous rappeler noire fragilité en confiant ainsi leurs triées restes à des vases d'une raalière qui en est l'emblème : l'urne de verre existe encore dans toute sa beauté , el l'on ignore si celui qu'elle renferme étoit un homme puissant ou son affranchi. ( Voy. la pi. G. ) Ce qui a paru le pins (^rieux dans l'intéressante dccou- yerte faite à Pompci , c'est de l'eau qui rccourroit enliè- renient, et jusqu'à l'ouverture du vase , les cendres qui y étoient contenues ; tandis qu'elles sont toujours sèches et en pondre dans les urnes de terre, ou de marbre, qui «ont les seuls vases cinéraires trouvés jusqu'à pré- sent. Cette particularité mérite de fixer l'attention et d'exercer la sagacité. Mais il me vient une idée que je ne donne que pour une foible conjecture ; ces vases de verre sont extrêmement minces ; ne pouvoil-on pas crain- dre, en y mettant les cendres et les ossemens très-chauds et tels qu'on les retiroit du bûcher, qu'ils ne fissent écla- ter le verre ; on auroit alors, par précaution, rempli les vases avec de l'eau qui les a garantis , en enlevant aux cendres leur chaleur ; l'on sait d'ailleurs que souvent on répandoit du vin ou d'autres liqueurs sur les restes du bûcher. Dans l'une des mrnes l'eau est sans goût, claire , et laisse parfaitement voir les ossemens et les cendres ; la liqueur de l'autre urne , d'un brun chaud assez foncé ; ressemble à la coulçur du café bien cla- (33) rifîé ; ni l'une ni l'aulrr de ces liqueurs n'a la moindre odeur, et l'on ne trouve à Teau brune qu'un goût un peu fade et approchant de la saveur de l'eau de le.'-6i\e. Oui a pu donner cette couleur à la liqueur? La doit- elle à la dëcomposilinn des matières aniuiales , ou des sels contenus dans les cendres et les os? Mais les liqueurs des deux urnes devroicnt alors être semblables. Sera-ce quel- que morceau de métal ou des médailles qui auront coloré celte eau ? N'est-ce que de l'eau , ou bien quelqu'autre liquide mêlé de parfums dont on a fait une libation sur les cendres , ce qui avoit souvent lieu ? L'on n'a pas encore aprofondi ce fait curieux , sur lequel la chimie pourra nous éclairer. Mais quelle que soit la nature de cette eau , il n'est pas possible de douter de son anti- quité. On conçoit d'abord qujjille ait pu parfaitement se conserver pendant un laps de temps si considérable, n'e'tant exposée à aucune évajioralion , ce dont l'ont garantie la masse de terre qui recouvroit le tombeau , le couvercle de l'urne de verre et le vase de plomb qui la contenoit. Il est de même impossible qu'il se soit introduit une seule goutte d'eau dans l'urne depuis le inoraect oii elle a été déposée dans le tombeau. Ainsi l'on peut en conscience , et sans scrupule , croire à l'an- tiquilc de cette liqueur. Au reste ce n'est pas le premier exemple d'eau con5ervée ainsi depuis plusieurs siècles. L'on voit aux Studj ou musée de Naples , une clef de réservoir en bronze , très-grande , qui servoit aux con- duils des eaux de thermes antiques de l'ile de Ponza j il y est resté de l'eau qui , se trouvant bouchée hermé- tiquement, s'y est conservée ; on l'entend battre dans la cavité de la clef, lorsqu'on l'agile fortement. Cette machine étant couverte d'une patine qui a la dureté du métal , et a fait un seul corps du robinet et des tuyaux , à Eioins ds dctvuirg ce morceau curieux, il seroit impos- (%) sible (le l'ouvrir et <3c savoir â'kns quel ctat est l'eau qu'il renrciine. J'ai |ucs(|ue oublie rie dire , qu'auprès de chaque urne liloil une ou cicux lampes de terre rouge , très-ordinaires , et (ju'il y en avoit phusieurs en réserve dans un coin du tombeau ; CiKupic nioit avoit sa iDonnoie de bronze, qui devoit adoucir l'avare et in- flexible Cluuon , et pajer le passage de cette barque fatale ou nous devons tous passer. Une partie de ce qu'on a trouvé dans ce tombeau sera remis à la même place et conservé soigneuicmenl , pour ne rien diminuer de l'inlérèt qu'inspirent ces précieux restes de l'antiquité. Ce n'éloit pas tout d'avoir un tombeau pour soi et pour les siens, on pensoit encore chez ces bons anciens à traiter j le mieux possible , ceux qui vous accompa- gnoitnt à voire dernière demeure et vcnoicnt vous y dire un éternel adieu , Wielernuin vale ; aussi JNaevoleia y a- t-elle songé , et l'on trouve à côté du tombeau une petite enceinte dont les naurs sont ornés de peintures 5 des lits, qui , de trois côtés, entourent une table, forment le Tri- eliniian où se doncoil, entre les parens et les amis, un repas funèbre , nommé Si'icerniam. On n'y fètoit les morts que lorsqu'il faisoit beau, car celte enceinte étoit découvcrie ; un Iruu , que l'on voit dans une pierre à terre devant la table , pouvoit servir à placer ou une statue de quelque divinité, ou l'efiigic de la personne, dont on venoit de faire les funérailles ; on pleuroit celle que l'on avoit perdue ; chacun à l'fcnvi célébroit ses louanges , è^ç.?, libations ceuloient à son honneur^ et peut-être quel(|uefois , et sans qu'on s'en aperçût, ou- blioit-on , en couronnant les coupes , que l'on s'éloit réuni pour répandre des larmes. Auprès de ce tombeau et dans cette partie de la rue , 010 trouve plusieurs inscriptions sépulcrales qui n'offrent rien d'intéressant. Les voici : sur le mur et dans la ( 40 ) petite enceinte entre les tombeaux de Calventius et de JL^aevoleia NISTACiDïO • HELENO PAG • PAG • AVG NISTACIDIO • lANVAPJO MESONIAE • SATVLLAE • IN • AGRO PEDES • XV • IN • FRONTE • lïDES ( pour PEDES) XV le PAG • PAG ' AVG • signifie que Nistacidius ctoit ha- bitant ou paganus du faubourg de Pompei , nommé Pagus Félix Auguslus , nom qu'il prit de Sylla ou d'Auguste. 11 paroît que c'est le faubourg où sont les tombeaux ; mais on ne connoît pas positivement sa situation et encore moins ses limites. ( Voy. la dissertation isag. p. 80. ) ISTACIDIAE • SCAPIDÏ • l'N manque. Celte inscription est sur ime des pierres dont j'ai parlé ; un petit vase de terre , large de trois pouces , et de dix de profondeur , enfoncé en terre devant ce sim- ple monument , étoit probablement destiné à leccvoir les modestes offrandes des parens et des amis , quelques fleurs ou des branches d'arbres. ( Voy. la pi. 5. ) NlSTxVCIDlVS HELENVS • PAG. Dans l'enceinte du tombeau de Nacvoleia et de Munatius G • MVNATIVS ATIMETVS • VIX. ANN • LVII. c'ctoit (41 ) r'éloit peut-être le frère ou le père de C. Munatius Faustus. Dans la rue à droite , à plus de dix pieds de terre , une inscription sur une plaque de marbre encastrée dans une maçonnerie d'inceiUnn. N • VELASIO • GRÂ.TO VI X. • ANN • XII- Sur les tombeaux de la famille de l'affranchi Arrius Diomèdcs , vis-à-vis la maison de campagne , qu'on peut «roire lui avoir appartenu. 1. M. ARRIO PRIMOGENL 2. M. ARRIVS • J • L • DIOMEDES SIBI • SVIS • MEMORIÂE MAGISTER • PAG • AVG • FELIG • SVBVRB- La sigle qui suit le nom d'Arrius , n'est pas un C re- tourné , comme on l'a cru jusqu'à présent , mais elle a plutôt la forme d'un J mal fait , ainsi que me l'a fait remarquer M. Mazois ; c'est un I pointu par le bas et re^ courbe , une espèce de grande virgule. ARRIAE • M • F DIOMEDES • L • SIBI • SVIS ( 42 ) 4- ÂRRIAE • i\I • F- VllI. Les deux tombeaux qu'il nous reste à voir ne nous ïetietidront pas long-temps. Ils sont à droite de la rue j le premier, aussi entier «pic s'il vcnoit d'être fini, n'est pas un columbarium , il est massif et paroîl plutôt un monument honorifique , qu'un A'cri table tombeau où dussent reposer les cendres de celui à qui on le con- sacroit. Sa forme est celle d'un beau et grand piédestal de quinze pieds de haut, dont le socle porte sur une base élevde , et qui a à-peu-prcs le tiers de la hauteur totale, La corniche est surmontée d'une plinthe et de ces cnrou- Icmens , de feuilles de laurier dont j'ai parlé, ei qui soni ornés à leurs exlremitcs par des belles rosaces. La res- semblance de ces tombeaux avec les lectislernes no pour- îoit-elîe pas faire croire que, comme ceux-ci , ils étoienl aussi destinés à recevoir les statues des Dieux dans cer- tains jours solennels? Ce monument d'un travertin très- fin , est remarquable par la grandeur et la beauté de ses pierres ; la même inscription est répétée sur les deux côtés qui forment l'angle de deux rues. Elle peut faire espérer un temple de Cérès ; car c'est Alleia Dcci- Kiilla, prêtresse publique de celte Déesse, qui, sur le ter- rain accordé par le peuple , a élevé ce monument à son mari M. Alleius Luccius Libella , Edile, Duumvir , préfet pour la 5^ fois ; et à son fils M. Alleius Li- bella , Duumvir, qui lui fut enlevé à la fleur dq son âge , et lorsqu'il faisoit concevoir les plus dou- ces espérances, ay<.nt n.érité , à 17 ans, d'être un des premiers magistrats de Pompei. Voici celte inscription qui est de la plus belle couservaiioa. (43) M. ALLEIO. LVCCIO. LIEEI.LAE. PATRÎ. AEDILI. lï. Vm. PREFECTO, QVINQ. ET. M. ALLEIO. LIBELLAE. F. DECVRIOXL VIXIT. ANNIS, XVIL LOCVS. MONVMENTL PVBLICE. DATVS. EST. ALLELi. M. F. DECIMILLA, SACERDOS. PVIÎLICA» CERERIS. FACIVNDVM. CVRAVIT. VIRO. ET. FILIO. Dans une des msmptions le dernier mot esl écrit riLo. Le second lorabeau e'ioit fort grand et devoit être isit^ressaut [lar ses bas-rtlicis en j^.lâlre , mais leur mauvais état ne permultroit que de vaines conjeclures; comme il s'élève à une grande hauteur dans les cendres ^ et que son somniot éloit près de la terr- végétale , il esl na- tuicl qu'il ail élc endommagé par les a'bres , les vignes qui couvrent ce terrain , et par les Irous profonds que l'on a faits pour les planter j on aperçoit encore les jambes cl le bouclier d'un guerrier presque de grandeur naturelle , et debout près de son cheval. Le monument ctoil entouré j dans sa partie supérieure , de petits pilastres en plâtre et d'orneraens qui représentoient un grillage en losange. 11 est probable que ce tombeau étoit sur- monté d'une statue , car on peut croire que le grand fragment d'une statue d'homme trouvé dans les cendres qui le rccouvroient^ et vers le milieu de sa hauteur, devoit lui apparirnir. 11 paroît que c'est un portrait ; s'il est ressemblant , tant pis pour l'original , la figure est in- signifiante et le reste de la statue , aa-dessous du mé- diocre, ne mérite pas qu'on s'y arrête , elle est cependant en marbre blanc. On a découvert le 20 , à côté de ce tombeau, une inscription qui a pu lui appartenir, elle est gravée sur une lablc de marbre et bien conservée j ( 44 ) lorsque le tombeau sera entièrement di'lcrre ov retrou- vera peut-être l'endroit oîi elle étoil plaeée ; la voici; L • CEIO • L • F • MEN • L • L.\BEOM iTER • D • V • I • D • QVIINQ. MEiSOMA.CHYS • L. Ce L. Labeon avoit rempli deux fois la plaee de Du- umvir quinquenal , ou charge de la justice pendant cinq ans. Un de ses affranchis, nommé Mc'homaque, lui éleva ce monument , ainsi qu'à L. Ceius de la tribu ménénîa. D'après toutes les inscriptions sépulcrales que l'un trouve à Pompei , il paroît qu'il y avoit dans cette ville beau- coup de riches affranchis ; ils ctoient peut-être Romains , et le séjour d'une petite ville , éloignée de Rome , leur peroissoit préférable à celui de la capitale où on les avoit connus esclaves. A quelque distance de ce tombeau on a déterré deux statues de pierre volcanique , grossière- ment travaillée ; l'une est une femme : les têtes de ces statues n'ont pas été retrouvées et ne sont pas à re gretter ; les poses de ces figures, d'une grande simpli- cité, semblent avoir été adoptées pour ctiles qu'on plaçoit sur les tombeaux. Une autre inscription fragmentée n"a conservé que ces mots: SERYILLV AMICO • AM/- Ic commejicement de la dernière lettre peut faire croire que c^étoit un M. Mais il est temps de sortir de ces séjours du deuil et de la tristesse ; je désire que le lecteur ne trouve pas que je l*y ai trop retenu, et cju'il niait vu avec plaisir jeter quelques fleurs sur des tombeaux. SUPPLÉMENT. FOUILLE DU 1." DE MAL i_/ impression , et surtout la gravure des planches de lu notice qu'on vient de lire , ayant c'té retardées par dif- férentes raisons, qui ne dependolent pas de moi , je profite de ce retard pour rendre compte de nouvelles découvertes, et en particulier de la fouille qui a eu lieu le i.^"" de Mai. Depuis cpielques jours on ctoit occupé à dégager des cendres un tombeau dégradé dans sa partie supé- rieure, et qui , n^étant que de simple maçonnerie réticu- laire , sans revêtement , ne donnoit que peu d^espérance. Heureusement il n\-toit pas massif ; après avoir enlevé les cendres qui obstruoient une porte basse et ccintrée , on a pu pénétrer dans ce tombeau ; ce n'est pas un co- lumbarium , il nY a point de petites niches pour rece- voir les urnes : on descend par deux marches fort hautes dans un petit caveau voûté , de six pieds environ en carré, et qui est éclairé par une fenêtre ou soupirail élevé et placé en face de la porte j au-dessous de cette fenêtre est une assez grande niche carrée , surmontée d'un fronton , elle n^est qu'en tuf et d'un travail gros- sier. 11 est à regretter que le vase qui y étoit placé n'ait pas été conservé entier; d'albâtre oriental et fort grand , il étoit orné d'anses d'une assez bonne forme / le couvercle devoit être terminé par un ornement élevé, qu'on a retrouvé, les autres morceaux n'existent plus; ce vase est très-aisé à restaurer , et on le verra encore dans le tombeau , avec les cendres et les os qu'il contenoit ; on y a trouvé une bague d'or très-grande ; la pierre qui ( 46 ) y est enchâssée est une fort belle agathe saphîrine très- régulièrement taillée el légèrement convexe, de huit li- gnes de long sur six de large ; on y voit gravé , en creux , un cerf qui se gratte le ventre avec son pied gauche de derrière ; le travail en est assez joli et le fond d'un beau poli , la tèle surtout est trcs-bicn ; on retrouve ce même cerf sur beaucoup de pierres giavcîes^ et il est probable que ce sont des copies de qutlque ouvrage célèbre. ( Yoy. la pi. 8. ) Dans un des coins du monument il j avoit un autre vase de marbre bien conservé mais d'une assez mau\'aise ferme ; contrôla mu- raille éloicnt appiy esdeux de ces amphores trc -dio'géeSv à deux anses, et pointues par le bas, à-peu-près telles que celles oii l'on melLoit le vin ; Ton en trouve fré- quemment dans les tombeaux oii souvent elles servoient d'urnes cinéraires ; Ton y déposoit aussi quelquefois les corps de pelits enfans. Autour du tombeau règne un siège d^ maçonnerie très-bas , sur lequel éloient placées des urnds de verre, pareilles à celles dont il a été question, une «eule est en bon état, les autres éloient en pièces; au- près de la niche et sur le banc de pierre étoient huit, petites fioles de verre et un petit autel de terre cuite. La planche 7 représente la plupart de ces objets dont je me suis permis de changer un peu la disposition afia qu'on pût les voir. Ce qu'a offert Tintérieur de ce tombeau , quoique in- téressar.t , l'est bien moins que la porte qui est cerlai- nement une des choses les ] las rares que Ton ait trou- vées , et dont au moins, ni Pompci, ni les autres mo- ïiumens du royaume n'avaient encore foux'ni d'exen.ple. Haute de trois pieds et demi ; large de deux pieds , neuf pouces j épaisse de quatre pouces, six lignes, celte çorle est d'un seul morct un de marbre , et tournoit siu* des pivots pareils dans des monians de la même pierre : (47 ) file est oriicc fl'eKcadremens très-s'mplos. ( Yoy. pi. g.) î\IalIioureusement ce morcca- trùs-curieux est brisé en iiIiisic.MS pièces , mais il est lacile de les re'utiir et de le.neltrc la porte à son ancicnue place ; on y voit en, cove des ti'oas de tenons et un fort anneau de fer scellé dans le maihre à Tendioit où dtvoil être ui.e espèce de verrou on de fermeture qui s'engngeoit dans un trou carré pratique dans le montant. Celle porte s'ouvroit en dedans du tombeau j et les montans la recouvroient de cbaque côté par une bande de plusieurs pouces de laige ^ ainsi qu'on peut le voir dans le plan. On n'a pas trouvé l'en- lablemeat qui portoit sur les montans 5 ils ont une saillie de près do deux pieds sur les murs du tombeau : on ne peut pas assurer que ce fût la seule décoration de ce monument ; rien n'indique , il est vrai , qu^il ait été revêtu de marbre , et l'intérieur est d'un travail grossier fct sans stuc ; mais peut-être s'est-on servi de ce tom- beau avant qu'il ait été entièrement terminé , et une partie des marbres "^le l'on a dcten'és tout auprès au- roit été employée à l'orner. Les grandes pierres , les enroulemens en marbre qui sont à terre près de là, étoient destinés à un autre grand tombeau en forme d'autel , dont il n'y avoit encore que deux assises de pierres mises en place. 11 me semble avoir lu quelque part que les tombeaux des Rois à Jérusalem, sont fermés par des portes de pierre, si adroitement ajustées qu'on ne concevoit pas comment on avoit pu les adapter au rocher qui ne paroit pas avoir été taillé ni en haut ni en bas , pour y faire entrer et jouer les pivots de pierre qui ne font qu'un morceau avec le reste de la porte. On voit aussi dans les anciens souterrains de la ville de Bade en Souabe , plusieurs grandes portes de pierre très-artistement faites et qui ont environ dix pouces d'épais3eva'; malgré leur pesaoteur;, ( 4H ) on les ouvroît et on les fermoit très-facilement , et toutes à la fois , par le moyen d'un ressort qui autrefois ne dev'^oit être connu que de celui à qui cloit confiée la garde de ces souterrains, oii se tinrent, dit-on, ces tri- bunaux secrets qui faisoient trembler toute rAilemagne. Mais la porte de ce tombeau m'a fait faire une ex- cursion en Allemagne et en Palestine , je reviens à Pompei. On a fouillé, près des murs de la ville , trois maisons peu considérables ; leurs chambres sans ornemens et sans peintures , la simplicité du pavé et la grossièreté d'une ou deux mosaïques , montroienl que c^etoit des habitations de gens du commun ; aussi quoique la fouille ait été très-intéressante , elle n'a pas donné de grands résultats ; on a trouvé plusieurs vases de cuisine en bronze , tels qu'une grande marmite ; un vase qui paroît avoir servi à faire raffraîchir l'eau et qui ressemble à ceux qu'on emploie encore aujouidliui ^ au même usage, dans le royaume de INaplcs j l'anse est très-bien travaillée j les anciens se plaisoient à embellir cette partie des vases et il y en a , dont la simplicité est relevée par la richesse de leurs anses. On remarque au bas de celle-ci un joli masque comique. ( Voy. pi. 8. ) L'anse de l'autre vase est ornée de belles palmettes. La petite boîte à parfums qnc j'ai mise dans la même planche, est de la fouille du mois de Novembre et a été tr.'uivée avec les médailles j la lampe de bronze vient de la dernière fouille , la forme n^en est pas rare , mais elle montre par son élégance qu'on traitoit avec goût les meubles les plus communs. Le temps et le séjour dans les cen- dres ont donné à cette lampe les couleurs de la mala- chite, du lapis et de la turquoise. 11 est inutile dépar- ier d'autres objets qu'on rencontre sans cesse dans les touilles , tels que ces os percés dont on ignore l'usage j des bouts de fuseau eu os j ui>8 espèce de jeton d'ivoire Hiarqué ( 49 r marqué d'un V et d'une autre Icltrc, et qui a pu servir de tessèrc ou de billet d'entrc'e pour le spcciaclej deux ou trois petites fioles de verre , et de petits vases de terre rouge : le détail de ces objets n'auroit aucun intérêt à la lecture ; mais ils en oiiVont beaucoup dans les fouilles , ils les animent, et on voit toujours avec plaisir sortir de dessous les cendres , ce qu'elles ont recelé pendant tant de siècles ; les moindres bagatelles acquièrent alors du prix au\ yeux de ceux qui sont témoins de leur découverte. Le propriétaire de la maison que l'on a fouillée ne s'atlendoit guère à exciter la curiosité de la postérité en renfermant , dans un grand coffie de bois de sapin , sa provision de petites fèves destinées à la nouiriture de ses bêles de somme , et cependant ces fèves réduites en charbon et parfaitement conservées , ont causé luie surprise très-agréable lorsqu'on a découvert ce petit magasin ; elles étoient , pour la plus grande partie , sans adhérence les unes aux autres , mais il y en avoit qui s'étoient réunies et formoient des masses assez grosses , d'autres étoient attachées aux planches de la caisse. Au restC; ce n'est pas la première fois que l'on ait trouvé des grains et des fruits à Pompei , et l'on en conserve de toute espèce dans le Musée de Portici. Ce qui m'a paru le plus curieux parmi les objets produits par la dernière fouille , c'est une coupe dont on peut voir le dessin, pi. 8. Quoique sa forme et ses orncmens en re- lief soient très-agrcables , ce n'est pas ce qui la rend très-rare , d'autres coupes partagent ces avantages j c'est à sa matière qu'elle doit son prix , du moins aux yeux des amateurs de ce genre d'antiquités j elle n'est que de terre rouge très-fine , mais entièrement recouverte d'un vernis ou d'une espèce d'émail d'un beau jaune clair ; tirant sur la couleur connue sous le nom de jaune de Naples, et le jaune n'est interrompu que par 7 (5o) quelques veines rouges très-k'gcres. Cette eoiilenr jaune ressemble , par son brillant vm peu terne , par sa du- reté, au rouge des autres vases de terre qui a subi raction du feu. Il paroit que ce vase est le premier de ce genre qu'on ait trouvé , et les collections de Naples n^Mi of- frent aucun qui lui ressemble. Au reste, Pompei est une mine si riclic d'antiquités, qu'elle offre sans cesse, et à l'antiquaire et à Tamateur les plus familiarisés avec ses monumens , de nouvelles observations à faire et de nouvelles sources de plaisir, et Ton y puisera long-temps sans avoir à craindre de les tarir. 5. ^o efamc. XPLiCATION DES PLANCHES. i_iA plupart des planches ayant été gravées après Tim* prcision de la notice , et m'élant laissé aller à en* donner plus que je n'avois compté d'abord, il n'a pas été pos- sible d'indiquer les numéros d'une manière exacte , et pour remédier à cet inconvénient ^ je vais ajouter l'ex- plication des gravures. N.° j. Gladiateur samnite. Voy. pâg. 28 et 29. On re- connoît dans l'inscription le nom de Valerius. 2. Groupe du' grand tombeau , pag. 00. 3. Bistîiium, pag. 3i et 32, 4. Vaisseau, pag. 04, 35 et 56. 5. Quelques mots de l'inscription peinte en noir, du tombeau de Scaurus. On a choisi les mots sem- blables pour qu'il fût pIuS facile de comparer les lettres et de leur donner leur valeur , pag. 23 et 24. € et 7. Vases cinéraires en verre, vus de deux côtés, pag. 36 et Sj. 11 y en a un entièrement pareil à ceux-ei dans un volume des antiquités de Caylus , il a été trouvé en Provence. N'ayant pas l'ou- vrage en entier , je n'ai pu m'assurer s'il en rapportoit plusieurs autres j on n'en voit pas dans Montfaucon , et l'immense collection de vases de verre du Musée de Naples n'en offre pas de pareils. 8 , 9 et 10. Vases de verre , pag. 11. M. Grand plat de bronze à double fond, pag. 10. î2 et i3. Coupes de terre rouge avec des orxiemens en relief, pa-g. 12. 8 (52) ï4. Détails de rornement du bas de la coupe , pag. i3. 15. Boucles d'oreille, même grandeur que l'original, pag. 8. Les perles ainsi conservées sont d'une grande rareté. 16. Bague d'or, même grandeur que l'original, pag. 8. 17^ 18, 19, 20 et 21. Pierres sépulclirales , pag 34; 22 ; 23 et 24. Vase de bronze et son anse vus de deux côtés et en détail, pag. 48. 25. Autre vase de bronze. 2G. Petite boîte debronze^ destinée probablement à mettre des parfums , trouvée dans la fouille du 21 Novembre'; elle est de la même grandeur que la gi-avure 5 la charnière est bien faite. 27. Lampe de bronze, pag. 48. 28, Bague d'or, de la même grandeur que l'original, pag. 46 ; la tête a plus de finesse dans la pierre que dans la gravure. 39. Grande coupe de terre jaune , dont les orncmens sont en relief, pag. 4g. 3o. Plan du tombeau dont il est question , pag. 45. 3i. Coupe du tombeau sur la ligne AB. 32. Coupe du tombeau sur la ligne AC- Les petites lignes coupées de ces deux planches n'indi(|uent pas des briques, comme on pourroit le croire; ce n'est qu'une teinte plate que le graveur a voulu donner pour faire ressortir le plan. 33. Vue de l'intérieur du monument. L'appareil des pierres est exact ; les longues assises figurées comme des planches n'en sont cependant pas , mais j'ai cru devoir forcer un peu le trait, et in- diquer ainsi les traces qu'ont laissées sur le mortier les planches qui avoient servi à établir la voûte qui n'est pas parfaitement circulaire , mais for- mée de plusieurs lignes presque droites et dont la coupe oûriroit une espèce de polygone. (53) 34- Vase de terre cuite grossière. 35. Ur;ie de verre pareille à celle desniim." 6 et 7 36. Autel de terre cuite. 37. Vase de terre cuite grossière. 38. Grand vase d'albâtre oriental. La gravure offre .^ les anses de ce vase de face et de profil ; i di il n'a pas été possible de restaurer le cou- f ^ vercle de manière à en avoir la véritable it?' forme. J'ai oublié d'indiquer sous le vase | ^ un petit enfoncement carré qui a dû servir ^ à y fixer le pied qu\)n n'a pas retrouvé. Il co est à croire que le tombeau , qui n'a jamais t c^ été termine, éloit en fort mauvais état lors de la catastrophe de Pompci , et que ce vase étoit brisé avant cette époque. On n'a pas trouvé de pierre qui, lancée à travers la'porte, eût pu le casser , et comme il étoit placé dans la niche , ce qui seroit tombé par le jour d'en iiaut ne l'auroit pas endommagé. Plus § on voit Pompei , plus on est convaincu que 1 ^ cette ville éloit en paitie détruite, lorsqu'elles > fut ensevelie par l'crnpiion du Vésuve j elle * 2 devoit avoir considérablement souffert du 1 tremblement de terre de l'an 63 de J. C 3g. Vase de terre. 40. Vase de marbre blanc. 41. Porte en marbre blanc du tombeau dont on a les plans et les coupes. PI. 7 , 8 et g. Les échan- crures, marquées d'une * dans le plan des gonds ou pivots , indiquent des trous oîi entroient des tenons qui y fixoient des plaques de métal , «ur lesquelles tournoient ces pivots qui se fus- «eut usés trop facilement san$ cette précaution. ( 54 ) et si les pièces de marbre de l.i porte et du seuil eussent joue immédiatement l'une sur Tautre. 42; 43, 44, 45 j 46, 47 et 4-3. Grand candélabre de bronze avec ses différentes paities détaillées , pag. 10. — La gravure du candélabre est au dixième de l'original , les détails sc.^t au quart , ils sont Irès-beaux de forme et parfaitement travaillés- les oves , les feuillages et les gaudrons pour- roient servir de modèles par ragrétneiil et la pureté de leurs profils et la belle proportion cpii règne entre tous ces ornemens ; ils mérileroient une gravure plus grande et mieux détaillée. J'auvois dû parler à l'article de la fouille du i.*"^ de Mai de plusieurs roues cpii ont été trouvées ce jour-»là dans une grande chambre d'une maison qui donne sur le portique de la rue des tombeaux , h gauche , en venant de la ville -, ces roues, dont les jantes de bois étoient recouvertes de bandes de fer tenues par des écrous , et dont le moyeu étoit garni d'une boite et de plusieurs cercles de fer , sont entièrement pareilles aux nôtres ; comme elles sont en très-mauvais état , je n^ai pas pu le? dessiner comme je Taurois désiré , elles ont 4 pieds 3 pouces de diamètre ; les rais , au nombre de dix , et dont il ne reste que les trous qu'ils avoicnt laits dans la cendre , étoient de bois et fort minces, ayant la même courbure que les nôtres, eî aux extrémités , près des jantes et du moyeu, ils sont un peu plus forts qu'au milieu. 11 m'a paru même que le moyeu, ainsi que dans nos roues, n'étoiî pas dans le même plan que les jantes ; enfin un dessin de ces roues ressemblei'oit parfaitement à celles d'aujourd'hui^ pour la grandeur et pour h (55 ) forme, La maison n'étant pas toui-à-frat déblayée > l'on ne peut pas encore savoir si ces roues appar- lenoicnt t\ un char ou à quelque charrette dont elle renfermera les i-estes ; elles n'ctoicnt d'ailleurs pas en place, mais appuyées l'une contre l'autre. On voit qu'en dessinant des voilures antique? du coinmence- )aent de noire ère, on peutj si Fon veut, sans choquer le costume, lear donner des roues légères. A côté de l'endroit ou étoient celles-ci , on a trouvé un squelette qui paroissoit, vu sa petitesse, être les restes d'un âne plutôt que ceux d'un cheval. On a pris pour des mors, deux pièces de bronze d'une forme assez singulière , mais probablement c'est à tort j ce sont deux morceaux ou barres rondes , d'environ, 4 lignes de diamètre, qui forment un demi cercle fermé par une ligne droite à-peu-près comme un D ; c'est ce qu'où supposoit être le mors , mais le vide, qui n'a environ que 2 pouces 3 ou 4 lig. de large , seroit beaucoup trop petit pour qu'on put y faire entrer la mâchoire inférieure d'un cheval ou même d'un âne. Les mors arabes faits dans ce genre-là, et où la partie courbe du D «ert de gourmette , sont beaucoup plus grands. De chaque côté , au bout de la partie droite , sont ajustées . i\es plaques rondes de bronze d'un pouce de diamètre j et ornées de petits amours en bas- reliefs. Ces plaques auroient été les bosscttes ; elles sont surmontées de deux petits groupes de lutteurs dont l'un tient l'antre sous lui. Ces figures grossièrement faites ont 3 ponces de proportion ^ elles sont rmles , cl comme elles s*élèvent per- pendiculairement au dessus dr; D j/ elles eussent élc ;Àppliquées contre la mâchoire de l'animal et l'eus- jent blessé j ainsi ces pièces ne peuvent pas avoir ( 56 ) été fies mors; et si cène sont pas quelque orne- ment d'un char, ou les anses d'un varoir si cette bandelette d'or a pu lui appartenir. ( Voyez les articles dorure , doublé , d'i dict. d'antiq. de l'encycl. raéth. ) 65. Petits bas-reliets estampés ou repoussés sur une feuille d'argent très-mince. Les figures ont-2 po. 6 1. de haut; elles représentent d'un côté, sous le portique d'un temple , Baccbus appuyé sur un cippe entouné de lierre ; le dieu paroîî jouer avec U!;e panthère à qui il a fait goûter la liqueur qui étoit dans le vase qu'on lui voit à la main ; de l'autre côté rAbondance tient d'une Eaain un gouvernail . et de l'autre la corne d'Araalthée remplie de fruits et de tous les biens qu'elle répand sur la terre. L'Abondance est bien placée à côté de Baccîius auquel on associoit ordinairement Cérès ; la pose de ces figures est assez bonne et elles doivent être des copies de bons originaux ; mais le travail en est mou , et n'est pas bien venu. Cette feuille d'argaiit, dont^ deux côtés sont parallelles^ et qui • à son extrêiaité est ornée d'une étoile, se termine eu pointe, elle étoit peat-èîre destinée à embellir quelque meuble , ou à être Suspendue aux mu- * l'ailles d'un temple. il est à remarquer que la haste ou le thyrse de Bacchus passe derrière lui , qu'on ^ ne voit pas bien pourquoi j et oîi il esi appuyé ; la raison en est, sans doute, qu^en le plaçant dans la main du dieu il eût fallutUle détacher du corps , ce qui n'est pas possible dans ce genre de travail j ou bien il auroit suivi, ca se pliant, Je mouvement du corps, et s'il n« l'avoitpas suivi il eût été trop en saillie dans cet- (65) taîns endroits , de toutes manières il eût ])roduîi im mauvais effet, ce que l'on a voulu e'vilcr. Si ces bas -reliefs avoient été ciselés on eût pu les traiter autrement , et en refouillant le thyrse par dessous le détacher d'une manière qui n'eut pas été désagréable. Il y a dans les arts , certains genres qui , par les défauts de leur nature , se re- fusent aux meilleures intentions de l'artiste , et un thyrse, passant ainsi devant le corps, nepourroit pas bien se rendre en pierre gravée en creux. 66. Ce vase d'argent est très- curieux sous Unis les rapports^ et les fouilles de Pompei n'en ont peut-èire jamais produit un aussi intéressant pour la forme et le iujet qui y est gravé. Il est aisé de voir au premier coup-d^œil qu'il étoit consacré au culte d'Isis , et proba- blement il fut eftiporlé du temple par un prêtre de la déesse. 11 paroit que la forme de ce vase étoit consacrée, et on ne les retrouve k Pompei que dans les bas-reliefs et les peintures du temple d'Isis , ou dans d'autres peintures déterrées à Stabie et qui avoient rapport au culte égyp- tien; la planche i3 en contient plusieurs auxquels j'aurois pu en ajouler encore qulques-uns. Les dessins recueillis par M.'^ de Non , dans les temples et sur les obélisques de l'Egypte ( voy. pJ. ii5. N." 12 et i5 de son voyage en Egj-pte ), les hiéroglyphes des obélisques publiés par Zoéga dans son grand et savant ouvrage , offrent des vases qui se rapproclient beaucoup de celui de Pom- pei. La forme arrondie ou ovale de ces vases , qui n'ont pas de pied^ et dont plusieurs sont terminés par un bouton , doit avoir eu rapport aux mystères de la doctrine Egyptienne. On sait que l'eau, surtout celle da Kii, étoit en grande vénération chez ce peuple, el que c'étoit pour eux le premier principe -, ils dévoient au îsil la fécondité de l'Egypte, et en recottnoissan,ce ils le regar- (64) doîent comme le premier et le plus utile des Dieux. L'eau étoit la cause de toute gcncration , on lui attribuoit même celle du soleil et de la lune , et des dieux qu'on le- présentoit dans des bateaux , pour indiquer qu'ils étaient nés et nourris d'humidité, ( Plutarq. d'is. et d'Os. § 3o. ) Ce fut en Egypte que Thaïes puisa sa doctrine sur la prééminence de l'eau , à laquelle Pindare rend aussi hommnge au commencement de sa première ode olym- pique. Dans toutes leurs fêtes les Egyptiens célébroient les bieniaits du Csil qu'ils adorèrent sous le nom d'Osiiis, ( Plutarq. d'is. et d'Os. § 29. 3i. ) en unissant son culte à celai d'isis , l'Egypte , la compagne d'Osiris ; ces peuples ii'ayoieut pas été chercher des dieux étrangers , leur patrie éloil leur Dieu , c'étoit à elle qu'ils éle- voient des aulels ; et si l'on pouyoil être mieux instruit de l'histoire des réyolutions et des diangemens que le îsil a éprouvés, ou y trouveroit peut-être une explication très-naturelle des aventures allégoriques et des malheurs d'Osiris, qui étaient, pour ainsi dire, le fond de la religion égyptienne, et dont les Grecs se sont emparés pour en charger, tant bien que mal , l'histoire de leur Bacchus , sans s'apercevoir qu'ils appliquoienl , d'une manière absurde , à leur divinité , ce qui avoit un fondement rai- sonnable chez les Egyptiens. On voit dans S'. Clément d'Alexandrie strom. 1. 6 c. 4. et dans Apulée qu'aux fêtes d'Osiris on porloit en grande pom[ e un vase rempli de l'eau sacrée du ]Sil , c'étoit le Dieu qui attiroit le plus les respects, c'étoit aussi celui qui les méritoit le mieux ; quelque- fois pour augmenter la vénération du peuple on cou- vroit le vase d'un voile. On sait aussi par Horus Apollo que dans les hiéroglyphes l'wn représenloit les inonda- lions du ^lil par trois petits vases. Dans la fête nommée la recherche d'Osiris célébrée dans le iaoi« d'A.tbyr (Ko- ( 65 ) vembrc) cl qui avoit rapport à la crue du Nil , on portoit, VOIS le fleuve atlorc, un coffre sacre qui renfermoit un petit vase d'or oîi l'on Acrsoit un peu d'eau douce, et tous les assistans s'écrioient qu'Osiris cloit retrouve ; après avoir détrempé de la terre dans de Tcau , on y mèloit des pari'inns et l'on en faisoit une petite image en forme de croissant; on la rcvètoit d'étoffes précieuses, pour montrer, dit Plularque , que l'on regardoit lu terre et l'eau comme des dieux. 11 se pourroit que le vase trouvé à Pompei fut destine à ces cérémonies dans le temple d'isis ; mais il y a quelques raisons de croire qu'il étoit aussi employé à d'autres rites sacrés. Avant de nous engager plus avant, on peut observer que la plupart des vases égyptiens, même ceux de terre jaunâtre eliargés d^ornemens et de peintures rouges et noires qui passent pour venir d'Egypte, se distinguent par des for- mes particulières qui ont de grands rapports avec celles que l'on voit dans la planche i3 ; ils sont sans pieds et se tiennent très-difficilement sur leurs bases arrondies ; on diroit qu'on a eu l'intention de leur donner la forme d'une goutte d'eau , ou de l'œuf auquel les Egyptiens atlachoient des idées mystérieuses qui tenoient en partie à leur cosmogonie ou à la formation du monde. Mais revenons à notre vase ; s'il étoit certaia qu'il ait été copié exactement sur un vase sacré égyptien , on auroit quelque raison de croire , connoissant le goût des Egyptiens pour les symboles , que ce n'est pas sans intention que la partie supérieure est terminée en crois- sant ; tantôt c\'toit un emblème d'Apis, image d'Osiiis, tantôt il fîguroit Isis regardée comme la lune qu'on croyoit avoir une grande influence sur les débordemens du ISilj et la forme de ce vase, remplie d'eau du ]Sil, représenleroit assez bien alors l'union d'Osiris et d'isis^ diviiîité* qui réunissent presque toutes celles de la (66 ) Mythologie, Maïs je craindrois que celte explicalion ne fût trop hasardée , et le temple dlsis n^inspire pas de confiance sur la manière dont on imitoit à Pomoei les monumens égyptiens. J^avouc que parmi Timmense quanlitc dliiércglyphes doniic's par Montfaucon , Zoéga et M. de Non, je n^1i pas trouvé Je vases termine's en croissant comme celui de Pcmpei , qui n'aura dû qu'au caprice de l'ouvrier celte forme singulière , et il faut , à regret , renoncer à l'idée qu'elle cache quelque mystère. il est quto.;<..,i Lwns Âpule'e , met. 1. il. d\m autre vase employé dans les pompes isiaques et qui devoit avoir beaucoup de rapport avec celui de Pompei , ou ceux des 'W'^. 68, 6g et 74 de la pi. i3. Ce vase avoit la forme d'une mamelle d'oii s'écouloit du lait, pour rappeller les bienfaits d'isis, la mère de la nature qui entretenoit 1» vie des êtres à qui elle Tavoit donnée. Notre vase a bien^ à-peu-près , la forme que devoit avoir celui dont parle Apulée , mais le bouton qui le termine n^étant pas percé, il n'a pas pu servir à la cérémonie qu'on célébroit en Egypte. Ceux qu'offre la planche i3, tirés de peintures isiaques, peuvent représenter le vase d'Apulée 5 on pourroit objecter que la forme du vase n'est pas tout à fait celle de l'objet que je voudrois lui faire représenter, mais on sait qu'il arrive presque toujours que les symboles s'al- lèrent, et ils finissent souvent par être ti'ès-différens de leur type primitif, ce qui n'est pas le cas des vases dont il est question ici , ils ressemblent assez à ce qui en a donné îe modèle , et on en voit de pareils remplacer les seins dans deux petites figures du cabinet de S.'*- Geneviève rapportées par Montfaucon ( antiq. expl. tom. 2. par. 2. pag. 280. pi. CXI.) ce qui vient à l'appui de ma con- jecture, d'autant plus que les figures sont égyptiennes. Les quatre rangs de Baamelles que l'on voit à quelques statue» ( 6/ ) jlr.tucs d'Isis , el àc Diane d'Eplièie , ont des forme» oii l'on retrouve celles de ces petits vases. 11 se pourroit que le vase de Pompei eut encore servi à un autre usage sacre, et i' " î n ; JL iX.. \ C^J (86) l'amusoîent, el dont parle Cicéron , étoienî son spcclacle } c'étoit le rapolitain de cette époque ; et ce qui peut encore appuyer cette idée , e'e^t que l'inscription tracée «n rouge est une espèce d'affiche de cabaret qui devoit s'adresser au menu peuple. Les lois et les actes public* se promulguoient sans doute en latin , langue que par- loient les personnes un peu dislirguces , et le peuple se servoit probablement plus volontiers de l'osque. Si cette inscription osque étend la famille des Popi=> dius , il y en a une nouvellement découverte sur le mur ds la basilique qui appartient à la famille des Ampliatus y elle est écrite en lorgs caractères étroits et rouges, comme ceux que Ton rencontre à chaque pas à ronipei , (voy. l'épigraphe du litre) et c'est une nou- velle inscription à ajouter aux affiches de spectacle , dont la ])luparl sont presque effacées et qu'on ne trouve plus eulièrei que dans la dissertation isagogique ; la voici : 3 N. FESTI • AMPLIA.TI FÂMÎLTA • GL*.DIATORIA • PUGNA (bit) • ITERUM PUGNÂ • XVI. K. IVN • VENAT . VELA. La troupe de gladiateurs de N. Festus Ampliatus combattra pour la seconde fois. Combat ( de gladiateurs) le iG des calendes de Juin. Combats d'auimaux et voiitS (dans Tamphitéàtre ). (*) (*^) On découvre dans ce moment-ci l'amphrihéâtre ei 1 est déjà en grande partie déterré ; Fun y a retrouvé ries pierres trouégs qui, de même q>ie celles dathéârre, servoîmit à assujélir les mâts auxquels les Toiles étoient ^ttafhées; cet sunphitéâtre a plus de i8o toises de tour. Comme une partie d« son, enceinte étoit à peu de profondeur eouf les £e:itlies , et ^c'il y ea avoit mêaae à àéuoarËrC ( 8'/ ) Ce NuTOcrîus Fcstus Ampliaius ne scrok-IÏ pas le même que l'Ampliatus qui fut chargé des jeu^: funèbres de Scaurus et dont le prénom et le nom sont cfFace's. Je le ■croirois d'autant plus volontiers , que dans Tinscripiion du tombeau, on n'aperçoit que la finale ti ; ce sei'oit difficilement Quinti, prénom que Ton n'écrivoit jamais en toutes lelircs. La place effacée admettroit fort bien N. FESÏI. •, et il se peut que l'inscription , que Ton a sous les yeux, fut celle des jeux funèbres de Scaurus, oii, comme on l'a vu , il y eut des combats de gladiateurs et des chasses d'animaux. Peut-être trouvcra-t-on encore sur les murs de la basilique quelque autre affiche qui nous instruira mieux; ce lieu, oti se rasserabloit le peuple, et oii l'on rendoit la justice, doit offrir plusieurs inscrip- tions, ce sera un des plus grands et des plus beaux mo- numens de Pompei à en juger par les colonnes, de trois pieds de diamètre, qu'on a déjà découvertes, et qui sont de briques revêtues d'un stuc superbe qui est aussi dur et aussi beau que du. marbre j elles étoient surmontées, à ce qu'il paroîl, d'un second ordre, La construction de l'édi- iice indique bien, d'après ce que ditVitruve, que ce doit être la basilique; mais on ne peut plus en douter depuis que M. Mazois, dans ses recherches, a trouvé le mot bassi-' lica , écrit quatre fois sur le mur , et l'écriture en est in- dubitablement antique. La description et la restauration de ce beau monument seront, sans doute, un des plus curieux chapitres de l'ouvrage de M. Mazois. A force de chercher sur tous \ç.s murs je viens aussi ii a beaucoup aouffert et a été fouillé, en partie , à plusieurs époqnes • aussi paroît-il qu'il n'existe plus de gradins. La construction eu «3t plus que simple, il n'y a pas de portiques ^ il est sans aucurs ornement d'arcliitecture ; quoique aussi gran 1 il n'éîoit pas , à beau- coup près , aussi beau et aussi imposant que celui de Fouaïole*. lO * (88) de troxTvernne inscription «lans un endroit ois, depuis trente ans quil est découvert, la finesse de yes caractères ^ recou- verts en partie de tartre , l'avoit fait échapper aux re- gards-, à force de frotter je Tai découverte toute entière, et elle est gravée (pi. i| ) de la grandeur de l'original , et très-exactement avec toutes les raies qui «ont sur le murs. Ceuï qui sont curieux de consulter l'original, le trouveront sur l'enduit jaune du passage qui , du grand tliéâtre, va à la rue de TOdéon ; elle est sur la muraille de droite, à 8 pieds 4 pouces avant d'arriver à la première porte de Tcscalier du petit théâtre, et à 4 pieds 3 pouces de terre. Quoique cette inscription, gravée avec un clou par quel- que soldat, ne soit qu'une espèce de plaisanterie, on la trouvera peut-être curieuse, quand on saura qu'elle est la seule trouvée à Porapei qui indique ime date précise et l'année des consuls ; car l'on ne peut guère regarder comme une inscription les noms des deux Geminus, consuls l'an 29 de J.-C, et qu'on a trouvés autrefois sur un mur près de la ville. M. Lavega , architecte et ingénieur de Pompei , m'a assuré que de toute l'injcription il ne restoit absolument que ces noms. Puisque je viens de nommer M. Lavega je ne différerai pas de dire qu'il a trouvé, dans la plinthe qui supporte l'inscription du tombeau de Scaurus, trois trous destinés à mettre des t«nons , et qui corres- pondent parfaitement ù trois autres trous qui sont dans la partie inférieure de la table de l'inscription ; ce qui prouve évidemment, contre l'opinion de IM.lMillin, qu'elle a. été mise à sa véritable place, et qu'elle y convient parfaitement de toutes manières. Mais revenons à l'ins- cription du théâtre, elle offre plusieurs choses curieuses, dont je parlerai tout à llaenre. Comme elle n'est pas très- fiicile à lire , la voici d'une manière lisible : ( «9) AD • XI • K • DEGEMBR • A • XY EPA.PRA • ACVTVS • AVCTVS AD • LOCVM • DVXSERVNT MVLIEREM • TYCHEN • ET • PRETIVM. IN SINGVLOS A • VIII. M • MESS ALLA • L • LENTULO • COS. Depuis le i5 des calendes de décembre (17 nov.) jusqu'au 11 ( 21 nov. ). Epapra , Acutus et Auctus ont mené en cerlain lieu la femme Tyché et le prix pom* chacun ( ou pour chaque jour ) a été de huit as , sous le con«ulat de M. Messaila et de L, Lentulus. 11 est. assez singulier que des soldats , ou tout autres personnes, nous aient laisse un pareil monument de leurs plaiiirs, et je ne sais si l'on en a trouvé jusqu'à présent un plus singulier et plus positif. Les noms de ces Messieurs ne sont pas d'un intérêt à nous arrêter long-temps. 11 paroît qu'ils éloient trois et que chacun n'est désigné que par un seul nom. 11 est à croire, pour plusieurs raisons, que c^étoit à.&& soldats ou des genî du peuple, qui se soucioienl fort peu de ce qu'on pourroildire en les voyant ainsi afficher leurs amours. Ces noms même ne sont peut-être pas trop bien écrits, et il seroit très-possible que, ne faisant pas grand usage de Técriture, ces trois associés de plaisirs ne sussent pas bien écrire leurs noms. On trouve celui d'Epaphras, affranchi , dans une des inscriptions d'IIerculanum (dissert, isag. pi. 14. i'*. col. de gauche. 21. lig. en prenant d'eu bas ) et il est aussi dans Gruter. Ce pei-sonnage devoit ctre grec (Epaphros , Ecumant) ou d'origine grecque et avoit clé esclave. Les deux autres noms se Irouveut aussi dans d'autres inscriptions. (90) Il me paroiî qu^on ne peut guère douter du sens que l'on doit donner, et que donnoient ceux qui ont tracé les caractères , à ces mots ad locum duxserunl. Locus est certainement pris ici pour un mauvais lieu , et Ton a seulement adouci ^expression ; on le trouve en ce sens dans les Ménechmes de Plante, act. 3. se. 3. 29. Sed quid ego cesso , dum datur milii occasio Tem[ius que abire ab his locis lenoniis. «Mais pourquoi diffc'rer, tandis qu'on m^offreles moyens et le temps de sortir de ces lieux de débauche. 0 En disant locus, on sous entendoit le reste ^ sans qu^il fût besoin de l'expliquer davantage , c'ctoit une espèce d'euphé- misme , on employoit un mot honnête au lieu d'un mot qui ne l'étoit pas. On trouveroit beaucoup d'expressions analogues à celle-ci et aussi intelligibles dans nos langues modernes. La suite d'ailleurs explique encore mieux ce mot. Ducere doit avoir ici la même signification que dans ducere uxorem , se marier , et l'on peut croire avec raison que l'on atlachoit le même sens à ducere scortum. On trouve dans Plaute plusieurs passages qui expliquent parfaitement ces mots (voy. Mercator act. 4. «c. 4. 46. se. 6. 3. 4. 10. 11. Act. 5. c. 4. V. 61, 62. etc.)j et si je ne les cite pas c'est de crainte de de- venir trop prolixe. Mais voici deux vers de l'avant- dernière scène de l'Heautontimoramenos de ïérence, qui montrent qu'on employoit ces mots , ducere et adducere, au lieu de paroles dont l'indécence eût choqué : Uon mihi per fallacias adducere ante oculos pudet ? Dicere hac praesente verbum turpe, at te id nullo modo Facere puduit Chrêmes reproche à son fils Clitîphon les libertés qui'l a prises devant lui avec la courtisanne Bacchis. (90 « Ne l'as-tu pas, par tes ruses, fait condescendre (à tes n désirs) devant mes yeux! j'ai honte de prononcer une » parole indécente devant ta mère — mais toi , tu n'as eu » aucune honte d'une pareille conduite» Faceve dit beau- coup plus. Ainsi ad locum diixserunt n'a pas besoin de plus d'explication ; la manière dont duxserunt est écrit au lieu de duxerunl est commune dans les ins- criptions, et l'on trouve souvent vixsit , proxsimus , maxsimus pour vixit, proximus , maximus. Il me semble que le mot mulier est quelquefois employé pour une femme de mauvaise vie , telle que Tyché j ce nom paroît avoir été ordinairement celui d'une afTiancliie : il signifie, fortune, et pcul-ètre le prenoient- elles pour remercier cette Déesse de leur avoir rendu leur liberté. J'espère que cette Tyché , robjet des bonnes fortunes d'Epaphras et de se» camnradej , n'a rien de commun avec Julie Tyché et Naevoîeia Tyché, l'amie de Munatius , dont nous avons vu le monument, et qui devoit être d'une classe plus relevée j cette Tyché-ci doit avoir été une de ces courtisanes les plus abjecles qu'on surnommoit Diobolariae , dont les faveurs ne coûtoient que deux oboles, et que Plante nomme Alicarise parce qu'elles se livroient aux esclaves auprès des moulins où ils faisoient moudre le graia dont on retiroit la boisson des pauvres, nommée alica ; et comme elles tendoient leurs pièges près des murs d© B-ome et dans des voûtes souterraines , Martial les appelle plaisamment summenianae nxores. Si le mot qui est après Singulos n'étoit pas presque entièrement effacé, on sauroil d'une manière positive ce que Epaphras , Acutus et Auclus avoient dépensé dans cette pai-tie de plaisir ; il se pourroit qu'il y eut eu A • VU* ou Vlll.< sept ou huit as j mais je ne sais si quelquefois on ezpriittoit ainsi leg as ^ au cas piécette lacune puisse être (90 ainsi remplie, les plaisirs de ces messieurs leur auront coûté deux as par jour à chacun , ou huit as par jour si le mot singulos se rapporte à rlîes , jour, au lieu de se rapporter à chacun des champions : à cette époque Tas valoit un peu plus d'un sol ; de toutes manières c'étoit peu de chose , et les plaisirs étoient à fort bon marché à Pompei. Pour qu''il ne manquât rien au monument qu'ils laiasoient à la postérité , et afin que tout le monde put connoître , d'une manière positive > l'année, le mois et les jours de leur joyeuse réunion ^ ces trois soldats ont marqué les années des consuls de Rome, plus connues que celles des Décurions de Pompei; ce sont ceux de l'année 751 de Rome, 3 ans avant notre ère, ou même Tannée de la naissance de J. C. selon quelques auteurs ; et il est assez singulier que celle inscription , ridicule du reste , sers'^e à fixer les noms de ces Consuls sur lesquels on n'ctoit pas d'accord ( voy. les fastes consulaires de Janson d'Almeloven ) ; les uns les appellent M. Valerius Messallinus et Cn. Cornélius Lentulus. Suétone ( Galba IV ) , nomme ainsi ce dernier, et M. Valerius Messalla le premier ; el il dit que Galba naquit sous leur consulat le g des calcn)\f/ >^^ • ^' a^ C'^/Hre^ a^^m * "C « 'Lor^£y ^^£^^4/- J *-/• ^ C M^aC' e^An * *y^ ^■'^tatt-^Cé^ .^.'V. ^^^.e/a «.'^ «- ^û/v\fm/- (f/.4- 0 .^^ fÂr^r di/. ,s<-: r,„\.^/. ^/.s. i^c- d/a^ar. a^/. ^'^-ù". SKaéy Cca/^tc ^/i-/ . '^^^Uc fi,'jr///. .% / • c ■'£" No.,'^ '^^■M ,.«-^? . !¥. ^ C'^/a,-./^^ *^" •"■«'^ .y/.j-- ff'. '^raZ;ilr\ù/ • ir, • ^tfi^ »*wt/\ t'^ t -^t-^/*^ ^-fC^^^- ^/^•^. Ql-so- «5r&* ^M^tz.c ai/. «9»^ 'fCe/^' .jc/rM' ^v:t //^^,- ..,„/ ■ ■-'4 "/L/fi' 9/./7 J ■ V/ I) ^Xl J V¥\ iU C /ai'ac rf^/. •^ • ■Y^vv uc/ec. ^ JL.; -cV. i:''Ljs CIL n' ."/':c ■ vi/l,Vfl,fO ^ jp Cfjlnac de/ i^JU '."/. c I !P"^^